Discours et lettres ouvertes
La rectrice est la porte-parole officielle de l'Université sur tous les sujets d'intérêt pour l'établissement. À ce titre, la rectrice est donc appelée régulièrement à prendre la parole devant divers auditoires et en de multiples occasions, tant sur le campus qu'à l'extérieur de l'Université.
2024
Et si nous rêvions notre université !
Lors de la collation des grades 2024, j’invitais nos diplômés à éviter le mirage du « chacun-pour-soi », à ne pas choisir d’être spectateur ou d’être désabusé. Je les incitais à ne pas adopter une posture qui paralyse, qui démotive.
Je souhaitais plutôt, pour elles et pour eux, qu’ils se nourrissent d’un idéal positif et s’engagent avec confiance dans l’avenir, leur avenir.
J’ai encouragé chaque personne diplômée à rêver sa vie, à imaginer son futur en société et à faire de sa vie une grande œuvre collective.
Parce que cette nouvelle génération de diplômés a devant elle des géants, soit les grands défis de notre époque, qu’il faut relever. Mais, aussi, s’offrent devant elle de grandes opportunités.
Car pour réussir, elle dispose d’atouts précieux.
Cette nouvelle génération peut miser sur le superpouvoir de la connaissance. Et ce pouvoir, il est fort. Il fait trembler les dictateurs. Il fait reculer les frontières du possible. Il fait même tomber les préjugés. Bref, il est l’espoir.
La connaissance permet de vaincre ses peurs et d’avancer. Elle permet de voir grand, de s’unir et de résoudre des problèmes de plus en plus complexes.
La connaissance a le pouvoir de soutenir la recherche de la vérité, de s’opposer aux mensonges et aux fausses nouvelles. Et elle a aussi le pouvoir d’innover et de repenser la vie en société.
La connaissance a le pouvoir de protéger la démocratie et la liberté qui sont les nôtres, au Québec. Et comme nous le voyons un peu partout sur le globe, ces valeurs fondamentales ne doivent jamais être tenues pour acquises.
La connaissance a aussi le pouvoir de contribuer à sauver la planète. Celui d’entreprendre la transition énergétique et de nous sensibiliser à l’importance de la biodiversité.
Ces nouveaux diplômés peuvent aussi compter sur leur alma mater. L’Université Laval sera toujours présente. Prête à répondre à leurs besoins de formation, tout au long de leurs vies.
Prête aussi à agir comme partenaire pour créer, faire avancer des idées ou des projets qui auront un impact positif pour nos collectivités.
Et nos nouvelles et nouveaux diplômés sont porteurs d’espoir. Leurs différents parcours nous inspirent.
N’avons-nous pas tous, membres de la communauté universitaire, le devoir d’en faire autant ? De suivre leur exemple ? De connecter tous les récits, tous les parcours de vie ? De s’unir et d’affronter tous les géants pour le bien commun, le bien de l’humanité et de l’environnement ?
Au quotidien, nous avons la chance de travailler au cœur d’une maison d’enseignement et de recherche de haut niveau. Chaque jour, à notre façon, nous contribuons au développement du savoir et de la connaissance. À faire de ce pouvoir un superpouvoir.
En préparant ce discours de la rentrée 2024, je me suis posé la question suivante : et si la communauté universitaire embrassait cette idée de rêver son université ? Et si elle imaginait l’avenir de l’université en société et faisait de sa mission une grande œuvre collective ? Imaginez les grandes choses que nous pourrions accomplir. Parce que rêver, c’est une force motrice inestimable.
Quand je rêve notre université, je ressens toujours un profond sentiment de fierté. Je rêve avec le sourire.
Il est évident que tout n’est pas simple et facile, au contraire. Nos responsabilités sont tellement grandes !
Nous formons les générations à venir. Nous développons de nouvelles connaissances pour répondre à toute sorte de besoins, tous aussi urgents les uns que les autres. Bref, nous nourrissons l’espace des possibilités. Nous contribuons à rendre possible l’impossible.
Et pour réussir, nous nous employons à offrir un milieu d’étude, de recherche, de création et de travail stimulant, sécuritaire et vibrant.
Ce sentiment de fierté qui m’anime, je l’associe à notre communauté. Une communauté qui voit loin, qui se projette dans l’avenir. Et qui s’investit pour que ses actions fassent une différence dans la vie des gens.
Je l’associe à une communauté qui innove et s’engage de façon responsable auprès des collectivités. Une communauté qui tisse des partenariats porteurs pour coconstruire l’avenir avec les acteurs de différents milieux.
Je l’associe aussi à celles et ceux qui, ensemble, font rayonner notre institution, notre savoir et notre savoir-faire partout sur la planète.
L’Université Laval est une université d’impact. Et n’ayons surtout pas peur de le répéter, une université qui compte parmi les meilleures au monde.
Et il faut voir encore plus grand. Faire ensemble le kilomètre supplémentaire, celui qui permet tous les dépassements.
Quand je rêve notre université, je réalise à quel point elle offre aux collectivités un socle solide de connaissance. À quel point elle éclaire et contribue au développement. À quel point elle permet la mobilité sociale, dans un environnement où chaque personne a sa place; le tout dans la dignité, le respect et l’humanité.
Ce n’est pas rien, surtout en prenant conscience du moment dans lequel nous vivons, un moment unique pour faire face aux géants de notre temps.
Un monde où conflits géopolitiques, tensions culturelles et identitaires, et transitions écologiques, économiques, démographiques et technologiques s’additionnent et s’entrechoquent.
Cette réalité nous presse. L’urgence est bien réelle. C’est, pour nous, l’occasion de contribuer aux solutions à de réels défis, tout en capturant les nouvelles opportunités que crée toute cette turbulence. Car une telle ébullition offre la possibilité de repenser nos rapports les uns aux autres et notre vie en société.
Pour chacun et chacune d’entre nous, tout comme pour une institution comme la nôtre, cela fait quand même beaucoup. Et tout cela en même temps, après une pandémie de COVID-19, l’avènement de puissants outils d’intelligence artificielle, les changements climatiques et j’en passe.
Les risques devant nous sont très grands, ils sont géants.
Pensez-y : il est déjà difficile de faire la différence entre la vérité et le mensonge alors que nous sommes constamment menacés par des cyberattaques. L’économie mondiale se transforme. En faisant des gagnants et des perdants, elle crée de nouvelles formes d’inégalités. Même la démocratie est à risque.
Dans plusieurs secteurs, des pénuries se pointent à l’horizon. Les ressources naturelles vitales sont de plus en plus rares. Les systèmes de santé peinent à répondre aux besoins. Et pendant ce temps, le marché du travail évolue à vitesse grand V. La course aux talents n’a plus de frontières.
Dans ce contexte, comment imaginer l’avenir de l’université en société sans la transformer ? Sans reconnaître qu’elle se doit d’être plus innovante et partenariale, plus internationale, plus engagée, plus interdisciplinaire, plus bienveillante…
Quand je rêve notre université, je vois notre communauté s’élever pour affronter les géants. Je vois une communauté mobilisée pour réunir les conditions gagnantes. Je vois une communauté qui s’anime pour offrir à chaque personne étudiante tous les outils nécessaires pour se développer comme personne. Pour devenir une citoyenne, un citoyen engagé qui a acquis les connaissances et les compétences nécessaires pour devenir un véritable acteur du changement.
Quand je rêve notre université, je vois une communauté qui sort des sentiers battus pour innover en partenariat. Et dans quels buts ? Pour mieux rejoindre toutes les personnes souhaitant une formation universitaire. Pour que les résultats de la recherche puissent être encore mieux valorisés et partagés plus rapidement pour le bien des collectivités. Pour coconstruire l’avenir.
Quand je rêve notre université, je vois une communauté qui se diversifie, s’internationalise. Une communauté qui s’ouvre à l’autre, qui souhaite les mêmes niveaux de réussite pour tous, qui adapte ses services en fonction des besoins.
Quand je rêve notre université, je vois un campus qui vibre au rythme des rencontres, de la présence des étudiants et étudiantes, des membres du personnel, du corps professoral et enseignant et de la communauté de recherche. Je vois un campus qui est ouvert aux citoyens et citoyennes de Québec. Un campus qui nourrit le désir de se réunir, de vivre ensemble pleinement l’université.
Quand je rêve notre université, je vois une communauté qui s’agrandit. Qui intègre cette année un nombre encore plus important d’étudiantes et d’étudiants. Qui accueille, pour cette rentrée, près de 90 nouveaux professeurs, toutes et tous animés par cette soif de faire avancer la connaissance et la volonté de partager ce superpouvoir. Une communauté qui se soucie de l’intégration de tous ses nouveaux membres, qui ouvre ses portes et accompagne chaque nouvelle personne. Une communauté qui se donne aussi la possibilité d’apprendre tout au long de la vie.
Quand je rêve notre université, je vois une communauté fière de ses réalisations et soucieuse de son avenir. Une communauté qui rejette le chacun-pour-soi et qui s’investit pour que notre université soit encore meilleure. Je vois une communauté qui réussit grâce, entre autres, à un travail d’équipe soutenu. Une communauté animée par l’ambition d’un impact collectif encore plus grand, par une œuvre collective qui change le monde.
Quand je rêve notre université, je vois une communauté qui s’élève par la qualité de ses échanges, de ses débats et par son ouverture à la différence. Qui place la civilité, le respect et la dignité au premier plan de ses rapports entre les uns et les autres. Une communauté qui reconnaît la grandeur de son œuvre et agit avec honneur pour préserver le statut privilégié qui lui est reconnu par la société.
Quand je rêve notre université, je vois l’Université Laval. Je vous vois étudiantes et étudiants, membres du personnel, professeures et professeurs. Je rêve que chaque journée passée à l’Université vous permette de vous accomplir, de vous réaliser. Mais aussi de prendre soin de vous et de vos collègues, et que ces interactions vous poussent toujours plus loin, vous amènent à vous dépasser.
Rêver son université et imaginer son avenir en société, c’est le début d’une transformation profonde et importante. Et cette transformation, non seulement s’avère-t-elle nécessaire pour toujours demeurer en phase avec le monde qui nous entoure, elle est incontournable pour être en mesure de façonner celui de demain.
Je nous souhaite de faire partie de cette grande aventure, celle de notre communauté prête à créer cette merveilleuse œuvre collective : celle d’offrir le superpouvoir de la connaissance.
Soyons fiers de faire partie de l’Université Laval qui, par ses traditions, par son histoire et par l’action de tous les membres de sa communauté, s’illustre pour son impact, son impact collectif. Merci et bonne rentrée !
2023
Savoir. Faire la différence.
Dès le début de son histoire, l’Université Laval a appuyé son développement sur des fondements universitaires forts: l’enseignement et la recherche sont aux services des gens et des collectivités. Il s’agit d’une marque distinctive de notre université. Et elle génère chez nous une grande fierté.
Les savoirs que nous créons et que nous partageons permettent de faire la différence, tant dans nos vies personnelles que collectives. Au fil des ans, de nombreux changements sociétaux ont été soutenus par l’enseignement et la recherche de l’Université Laval.
On peut penser à l’accès à l’enseignement supérieur en français, à la Révolution tranquille et aux développements socio-économiques des dernières années, tous marqués par de grandes découvertes et avancées.
Si, aujourd’hui, on peut produire des vaccins en quelques jours, si nos jeunes sont à l’école plus longtemps et que les moins jeunes y retournent… Si nos outils de tous les jours parlent et se connectent à nous partout sur la planète, si l’hydro-électricité remplace l’énergie fossile, si nous pouvons espérer vivre en santé plus longtemps et bien, on le doit aux efforts de recherche, de transfert de connaissances et d’innovations.
Nous savons aujourd’hui que les solutions recherchées par ces mobilisations se trouvent à l’interface des grands champs de connaissances. En fait, ces derniers évoluent si rapidement, que les silos tombent et de nouveaux champs émergent. Cette mobilisation doit regrouper des personnes aux talents divers, où toutes les sciences et expertises se côtoient.
Pour réussir, notre institution doit savoir être encore plus innovante, plus agile et proactive, plus partenariale et interdisciplinaire. Elle soit aussi être encore plus citoyenne et engagée, encore plus inclusive et diversifiée. Et elle doit s’affirmer davantage à l’international. Des conditions de succès pour que l’Université Laval ait un impact plus grand.
À l’aube du déploiement d’une importante planification institutionnelle, fruit de la plus grande consultation menée sur le campus et porteuse d’actions, notre communauté amorce cette nouvelle année sous le signe de la réussite et de l’ambition.
Ces dernières années, nous avons connu une poussée de croissance historique. C’est une très bonne nouvelle. Mais cela amène des défis.
Sur le plan institutionnel, cela implique qu’il faut gérer cette croissance.
Sur le plan de notre image, cela envoie aussi un message fort. Nous sommes attrayants. Nous sommes inspirants.
Il y a quelques jours, nous étions, au total, quelque 55 000 membres de la communauté universitaire à célébrer la rentrée 2023…
Nous sommes une grande université.
47 426… C’est le nombre d’étudiantes et d’étudiants inscrits pour la rentrée de cet automne. Parmi eux, plus de 6000 nous viennent de l’étranger.
Ces personnes sont des acteurs clés du développement de la recherche de pointe à l’Université Laval. Ce sont autant de parcours différents à tous les cycles d’enseignement…
Au cours des 10 dernières années, le développement de la recherche à l’Université Laval a aussi été important. Ses retombées pour notre université et pour la grande région de Québec sont visibles et très structurantes.
Nous sommes d’ailleurs parmi les 3 plus grands employeurs de la région de Québec. Nous gérons un budget de plus de 1,2 milliard $ annuellement.
L’attrait pour les études universitaires à Québec, à l’Université Laval, ne se dément pas. En juin dernier, nous avons décerné 12 972 diplômes, toutes formations confondues.
Nous sommes assurément sur une lancée, mais il reste beaucoup à faire pour réaliser notre ambition d’accroître l’impact de l’Université Laval dans la société.
Les prochaines années seront motivantes. Les défis sont nombreux et difficiles. Nous pouvons et nous devons faire mieux.
Notre mission
La mission de l’Université Laval est noble. Nous sommes toutes et tous convaincus que l’enseignement et la recherche changent le monde. Qu’ils offrent des perspectives à nos étudiants et étudiantes.
Depuis plus de 170 ans, l’Université Laval forme et accompagne vers la réussite des étudiantes et des étudiants. La grande majorité de nos diplômés deviendront des professionnels de tous les horizons, des artistes, des sportifs, des scientifiques ou encore des entrepreneurs.
Cette communauté étudiante, année après année, embrasse les défis de son temps et met au profit de diverses collectivités ses connaissances et compétences. Pour chacune de ces personnes, nous souhaitons avoir un impact réel, marqué par la qualité de l’enseignement offert par les professeurs et les chargés de cours.
Rien de cela ne doit changer… mais alors, que devons-nous transformer ?
Aujourd’hui, les défis de société, et particulièrement les causes de ces défis, forcent les universités à se poser des questions sur la façon dont leur mission est réalisée. Le comment des efforts que nous déployons mérite un peu d’attention. Avons-nous vraiment adapté notre université à ces changements ? Pouvons-nous faire mieux ?
Pour maintenir cette qualité et continuer à nous développer, nous devons anticiper toutes ces transformations sociétales qui viennent parfois bousculer nos façons de faire.
Voici pourquoi nous devons transformer notre université.
L’Université Laval doit jouer son rôle de leader dans un monde qui change à vitesse grand V. Et nous avons des atouts pour réussir.
L’Université Laval s’est classée au 1er rang des universités francophones au classement international d’impact du Times Higher Education. Notre rang global à ce même classement est passé du 36e au 14e rang sur un total de 1591 universités…
En matière de développement durable, l’année a débuté avec l’obtention du niveau platine au classement STARS. Nous sommes l’une des 3 universités canadiennes parmi les 12 à travers le monde à avoir été digne de cette distinction qui reconnaît nos importants efforts en matière de responsabilité sociale et environnementale.
Mais nous aurions tort de nous asseoir sur nos lauriers. Nous devons être encore plus agiles.
Car une université qui cesse d’être à l’avant de la parade est une université qui perd de sa pertinence.
Il faut se transformer pour toujours anticiper, façonner et contribuer à la transformation de la société. Une institution d’enseignement supérieur se doit de prendre l’initiative du changement, et non le subir. Elle doit innover et mobiliser.
Et c’est encore plus vrai aujourd’hui. Nous vivons dans un monde en transition alors que de grandes crises se déroulent en parallèle.
L’incertitude climatique constitue le plus grand défi de notre temps. L’Université doit
contribuer aux solutions, éclairer ces débats qui touchent, entre autres, l’agriculture, les océans, les forêts, les écosystèmes, l’énergie et les ressources naturelles, l’avenir du Nord, l’aménagement urbain et la santé durable des populations.
L’incertitude géopolitique se manifeste par une montée du populisme, de la désinformation, par des guerres qu’on croyait dépassées, par des flux migratoires sans précédent. Le droit à l’éducation, l’avenir de la démocratie, les identités culturelles et religieuses sont autant d’enjeux qui méritent plus que jamais un regard scientifique.
Ici comme ailleurs, l’incertitude socio-économique est maintenant tangible. Les inégalités entre les individus, la démographie et le vieillissement accéléré de plusieurs sociétés posent des défis majeurs dans nos vies, mais aussi aux entreprises et aux systèmes sociaux.
Nous sommes également interpellés par la nouvelle ère numérique. Nous commençons à peine à la vivre que déjà, en plus d’en voir les bénéfices, nous en constatons les premiers dangers.
Je pense par exemple aux avancées récentes en intelligence artificielle, notamment la démocratisation des robots conversationnels comme ChatGPT.
Que l’on gère des données massives ou que l’on soit actif dans le domaine de l’intelligence artificielle, les infrastructures numériques se doivent d’être performantes et sécuritaires.
Il s’agit là d’un des défis de transformation de notre université. Il faut faire preuve d’ouverture et d’adaptation pour continuer à mieux comprendre cette réalité nouvelle, complexe, et s’outiller pour y faire face de manière éthique et responsable.
En pleine transformation numérique postpandémie, les universités ont aussi redéfini leur façon de faire de la recherche, de travailler, d’étudier et d’enseigner.
Que ce soit pour le travail ou les études, le nouveau modèle hybride fait désormais partie de notre vie. Et c’est dans cet esprit que nous devons repenser les espaces et nos modes d’études, de recherche et de travail qui ne sont plus adaptés à cette nouvelle réalité.
Notre monde est en transition… Et le monde de l’enseignement supérieur n’y échappe pas. Il doit se transformer rapidement pour préparer l’avenir…
Parce que cette transformation se fait en accéléré, nous n’avons pas le luxe d’attendre.
Auparavant, entre une découverte et son utilisation, des dizaines d’années pouvaient s’écouler. Aujourd’hui, le délai entre la découverte et son application devient de plus en plus court. Le déploiement de l’innovation s’accélère, tout comme le transfert des connaissances entre les universités et les acteurs de la société civile. En grande partie
parce que nous avons fait notre travail ! Plus de personnes diplômées des universités, de l’Université Laval, ont les connaissances, le talent, pour valoriser les connaissances et les découvertes.
Les universités ont un rôle de premier plan à jouer dans cette transformation, dans l’innovation.
L’Université Laval est déjà engagée dans cette transformation avec 6 grands chantiers lancés dans le cadre de sa planification institutionnelle 2023-2028 : Agir ensemble pour plus d’impact…
Nous agirons pour faciliter les études tout au long de la vie. En recherche, nous renforcerons les liens et les échanges avec tous les milieux.
Au cours des dernières années, l’écosystème de la recherche a connu des changements importants. Pour faire face et apporter des solutions à des problématiques toujours de plus en plus complexes, la recherche se doit d’être de plus en plus interdisciplinaire, en partenariat et internationale.
La recherche doit servir à l’avancement des connaissances, aider les décisions publiques, apporter des réponses aux problèmes criants de la société, développer de nouvelles technologies et solutions, et soutenir le développement culturel, du vivre-ensemble et économique.
C’est ce qui définit de plus en plus le concept d’université d’impact. Et pour encore accroître notre impact, et faire la différence, nous devons créer l’université du futur.
Dans le passé, produire une communication scientifique écrite ou orale était perçu comme un mécanisme efficace de transfert de connaissances. Aujourd’hui la société attend encore plus de nous.
Elle souhaite participer au développement de la connaissance, mettre à profit ses propres connaissances, ses données et analyses.
Et cette expertise acquise dans différents milieux est riche.
Leurs connaissances de leurs milieux respectifs sont précieuses et nous permettent de nous engager ensemble dans la recherche de solutions aux défis pressants de la société. L’engagement des premiers peuples à cet égard est un exemple éloquent.
Et cette articulation entre les savoirs, la science et la société est plus que jamais au cœur des grandes discussions universitaires.
S’il est facile de discréditer l’engagement de l’un ou de l’autre pour toutes sortes de raisons idéologiques, politiques, économiques ou environnementales; nous devons convenir que notre monde est en attente de nouvelles connaissances, de découvertes et d’appuis dans la matérialisation de ses idées au service de la société.
Nous devons aussi convenir que volontairement réfuter la recherche dans certains domaines revient à s’aveugler scientifiquement. C’est pourquoi nous devons encourager plus d’étudiantes et d’étudiants à entreprendre des recherches sur toute question pertinente, peu importe le sujet.
D’autant plus qu’augmenter le nombre de personnes détentrices d’un diplôme de 2e et 3e cycle aura un impact significatif sur notre force d’innovation.
Les universitaires ont la responsabilité de faire circuler les idées, de partager les découvertes. Cela implique aussi de valoriser les résultats de la recherche pour le bien de ceux et celles qui ont soutenu cette recherche : les citoyens et les partenaires.
Pensez à toute cette expertise qui bonifie dès maintenant les rangs des entreprises et organisations d’ici et d’ailleurs et qui participent aux changements dans notre société. C’est là que nous prenons toute la mesure de notre impact.
Le sous-financement des universités québécoises est cependant un handicap de taille.
L’Université Laval souhaite attirer dans la ville de Québec les meilleurs étudiantes et étudiants, les meilleurs chercheuses et chercheurs dans un monde très concurrentiel… Pour réussir cela, nous avons besoin de ressources financières et humaines importantes…
Malheureusement, alors que d’autres pays investissent massivement dans la recherche et la formation de talents, le Canada stagne. Et cela a un effet désastreux sur notre productivité et notre compétitivité internationale.1
Une université du futur comme celle que nous nous efforçons de construire chaque jour à l’Université Laval exige plus de moyens financiers.
C’est la capacité du Québec d’innover et de pouvoir compter sur des personnes hautement qualifiées pour réaliser ses ambitions qui est à risque. Le Québec a besoin de tous les talents et aussi de plus de talents.
Or, la course mondiale aux talents est vive. La compétition pour attirer les personnes à l’Université Laval est vive. Un atout pourtant essentiel pour assurer la vitalité de la grande région de la Capitale-Nationale.
Les destins de la ville de Québec et de l’Université Laval sont liés.
Avec un taux de chômage aussi bas que celui de notre région, la formation de personnes hautement qualifiées est un apport crucial.
Les équipes de recherche génèrent de nouveaux savoirs et en font bénéficier la société, notamment sur le plan régional. Ces équipes font une différence dans la région.
L’Université Laval joue un rôle de premier plan dans sa ville et dans sa région. Son impact économique est majeur. C’est plus de 9 500 emplois et une masse salariale de près de 600 millions $.
Et ces retombées économiques et sociales prennent plusieurs visages, notamment avec l’apport des étudiants étrangers.
Notre institution est déjà reconnue comme un pôle d’enseignement et de recherche d’excellence. Elle devrait aussi l’être comme pôle d’attraction économique majeur dans la région de Québec.
L’Université Laval fait une différence.
Le monde du travail qui attend les diplômés a changé.
Les parcours professionnels ne sont plus linéaires. Les besoins de requalification en emploi sont de plus en plus fréquents.
Les étudiants et les étudiantes d’aujourd’hui sont de toutes les tranches d’âge, de toutes les régions, de partout dans le monde, et ont des profils très diversifiés.
On étudie tout au long de la vie.
Les défis climatiques, géopolitiques ou socio-économiques exigent des diplômés avec de nouvelles compétences.
On doit donc apprendre tout au long de la vie.
Répondre à ces nouveaux besoins et à cette diversité signifie qu’il faut transformer nos programmes de formation.
Qu’il faut adapter et souvent multiplier nos modalités d’enseignement pour répondre à ces réalités nouvelles.
Dans ce contexte, la tenue du premier Sommet des étudiantes et des étudiants, cet automne, sera un évènement marquant.
Dans le passé, les étudiants et étudiantes de l’Université Laval étaient principalement de jeunes adultes inscrits au premier cycle. Aujourd’hui près de 30 % sont inscrits aux cycles supérieurs et tout près de 20 % sont parents.
Lorsque l’on parle d’avoir un impact positif et porteur sur les étudiantes et les étudiants que nous formons, cela signifie aussi de continuer à déployer de multiples moyens pour les aider à réussir : des services de soutien psychologique, d’aide pédagogique, d’orientation, de développement professionnel, la construction de nouveaux logements... Ce sont autant d’initiatives qui facilitent l’apprentissage.
Mais au-delà de cet accompagnement, il faut d’abord écouter ce qu’elles et ce qu’ils ont à dire. Car c’est d’abord pour eux que nous construisons l’université du futur !
Le Sommet étudiant de cet automne témoigne du dynamisme de nos leaders étudiants et de la collégialité de notre université. Il offre une opportunité précieuse pour coconstruire l’avenir.
En conclusion…
Notre ambition collective est très claire, nous voulons accroître l’impact de l’Université Laval pour les personnes qui y étudient et aspirent à un avenir stimulant. Nous visons à ce qu’elles puissent faire une différence grâce aux connaissances et compétences acquises à l’Université Laval.
Le statu quo n’est pas une option. Il y a une urgence d’agir. Il faut s’ouvrir au changement, à la transformation. Il faut accepter de prendre des risques et être audacieux.
Le Québec doit donc donner aux universités les capacités de s’engager dans leur transformation, de répondre aux nouveaux enjeux de notre époque.
Nous ne voulons pas refaire le passé. En ayant en tête nos nouvelles générations d’étudiantes et d’étudiants, il nous faut préparer ensemble le futur.
C’est pourquoi nous devons nous mobiliser dès maintenant, membres de la communauté universitaire, citoyennes et citoyens de Québec, ville de Québec, acteurs et actrices des deux paliers de gouvernement. C’est ensemble que nous réussirons à construire l’université du futur ici dans la région de Québec.
Imaginez ce que nous pourrions faire avec une telle mobilisation !
Nous serions assurés d’atteindre notre objectif ambitieux et réaliste de demeurer dans le peloton de tête des meilleures universités au pays… et de faire encore mieux…
Nous serions assurés de pouvoir compter sur une université forte, une université d’impact qui se déploie sans cesse et gagne en hauteur, ses racines bien ancrées dans notre Capitale-Nationale.
Je vous souhaite une très bonne rentrée 2023!
Carte blanche à Sophie D’Amours: toutes et tous concernés
Lettre ouverte, Le Soleil, 3 mars 2023
2022
Prononcé le mardi 27 septembre 2022 devant les membres du Conseil universitaire
L’expérience universitaire : une expérience de vivre-ensemble
Bonjour à vous, membres du Conseil universitaire,
Quel plaisir de nous revoir! Nous pouvons reprendre nos activités en personne, socialiser, échanger et planifier notre avenir.
Je suis très heureuse de vous retrouver en présence et d’avoir le privilège de discuter avec vous, en vous regardant droit dans les yeux et en échangeant des sourires.
L’expérience de la rentrée universitaire 2022 restera gravée dans nos mémoires. Pour plusieurs, c’est le premier vrai retour depuis le début de la pandémie. Quel retour!
Le campus vibre au rythme de ses étudiants et étudiantes venant des quatre coins de la planète. L’accueil est chaleureux. Les équipes ont d’ailleurs fourni des efforts importants pour marquer cette rentrée de nombreuses activités. Je veux remercier sincèrement tous ceux et celles qui ont permis ce retour animé, empreint de bonne humeur et de créativité, permettant à tous et toutes de revivre la fébrilité des rentrées universitaires et le plaisir de se retrouver.
Cette effervescence se manifeste aussi par l’attractivité et la notoriété croissantes de l’Université Laval. Nous sommes aujourd’hui plus nombreux que jamais, ayant dépassé 56 000 personnes inscrites en 2020-2021, soit une hausse de 11,6 % de notre population étudiante depuis 2017. Pour la première fois de notre histoire, nous avons atteint en 2021-2022 plus d’un demi-milliard de dollars de fonds de recherche. Nous pouvons en être fiers et fières.
Et si, par hasard, vous n’avez pas encore profité de la rentrée pour socialiser avec vos collègues, je vous invite à le faire. Il n’est jamais trop tard pour prendre des nouvelles de nos voisins de bureau, des personnes qui rendent notre vie plus facile tous les jours. Prendre un café, un lunch, reprendre contact dans l’informel, juste pour le plaisir d’échanger entre collègues. La vie professionnelle et universitaire n’a pas à être solitaire, chacun pour soi. À mon avis, elle se nourrit, tout comme notre vie personnelle, de contacts humains et d’amitiés.
Certains vous diront peut-être le contraire. Que la vie universitaire est une vie solitaire; que ce qui prime, c’est la liberté et le chacun pour soi.
Je crois profondément que la liberté est une condition essentielle pour être heureux ou heureuse et trouver du plaisir à apprendre, à travailler et à enseigner. Que la liberté permet aux êtres humains de réaliser de grandes choses, des miracles.
Cette liberté nourrit notre créativité, nous anime dans le débat et l’échange d’idées. Elle est une force motrice qui stimule la contribution de chacune et chacun, de même que l’engagement envers le bien commun. Cette liberté nous projette vers le faire-ensemble et le vivre-ensemble.
Cette liberté ne peut toutefois pas menotter l’effort collectif visant à construire un monde plus juste, plus équitable et un monde rempli d’espoir par l’enseignement, la recherche et les services aux collectivités. Cette liberté ne peut pas déconstruire l’Université, ne peut pas nous empêcher de réaliser notre mission universitaire avec intégrité et respect des normes éthiques convenues entre nous. Cette liberté doit nous mobiliser contre toute forme d’intimidation, de harcèlement et de violence.
Le « chacun pour soi » n’est pas ce qui a construit l’Université Laval. C’est plutôt « ensemble » que cette grande institution a été développée par nos prédécesseurs. L’héritage qu’ils et elles nous ont légué est incommensurable. Il n’est pas le fruit d’individus qui ont misé sur le « chacun pour soi ».
La force de notre communauté et du travail en équipe a démontré, maintes fois, que nous pouvons faire de grandes choses, et le faire dans le plaisir. Le plaisir d’accomplir, de contribuer à la réussite, de renforcer nos liens d’appartenance. Cet esprit de corps donne du sens à notre engagement personnel et professionnel.
Pour les années à venir, je nous invite à nous inspirer des pionniers et pionnières de notre université. Je nous invite à rester loin du « chacun pour soi », et cela même si l’appel peut séduire. Pour y arriver, quoi de mieux que de planifier ensemble notre avenir, la suite des choses à l’Université Laval.
Après les années difficiles que nous venons de vivre, il me semble que nous devons en quelque sorte retrouver nos repères. Faire une place aux échanges et aux interactions, au plaisir d’être ensemble.
Commençons par nous rappeler notre mission universitaire, celle de l’Université Laval, qui s’actualise au fil du temps.
Nous partageons une profonde culture de développement durable. Nous formons des générations étudiantes engagées et créatrices, des citoyens et citoyennes de premier plan, des scientifiques et des leaders en entrepreneuriat exerçant une influence marquée sur l'évolution des sociétés. En visant l’excellence tant en enseignement qu’en recherche, notre université rassemble les forces du changement et agit comme référence pour nos nombreux partenaires.
La pandémie a entraîné toute notre communauté dans une course folle. Notre volonté inébranlable de réussir ensemble la poursuite de l’enseignement, de la recherche et de nos services à la collectivité a précipité la recherche de solutions. Nous avons essayé, apprivoisé, intégré tant de nouvelles façons d’étudier, d’enseigner et de travailler.
L’intensité de cette course a pris l’allure de plusieurs marathons courus bout à bout, à la vitesse d’un 100 mètres. Tellement que nous avons peut-être perdu quelques repères importants.
Nous avons mesuré les « préférences » de tout un chacun, que ce soit par les sondages de l’Université, ceux des facultés ou ceux des syndicats. Les résultats de ces sondages ont été fort utiles puisqu’ils ont permis de mieux apprécier le moment, de saisir les préférences personnelles, les défis et les embûches.
Ces sondages ne sont toutefois qu’un point de départ. Le temps est venu de réétablir ensemble nos repères et de planifier notre avenir en portant un regard critique et lucide sur les enjeux sociétaux émergents et les défis et occasions de développement qu’ils génèrent pour notre communauté universitaire. Cet exercice de planification institutionnelle sera lancé dans les prochaines semaines. Il consistera à tracer les trajectoires de transformation qui soutiendront les conditions gagnantes de notre réussite et propulseront notre université « d’impact » vers sa prochaine destination.
Devant nous se posent des questions importantes. Je me permets quelques réflexions sur certaines.
Comment allons-nous profiter du retour sur le campus pour repenser nos interactions, nos milieux de vie, afin de vivre une expérience plus globale ? Une expérience d’études, de travail et de vie plus animée, plus humaine. Une expérience qui nous stimule du point de vue professionnel, tout en nous offrant un bien-être au travail et des occasions de nous engager dans la vie associative, le sport, les arts et la culture, ou encore l’entreprenariat et l’entraide. Une expérience qui valorise l’effort collectif et qui reconnaît qu’ensemble, notre impact est encore plus grand.
Une expérience qui fait place au bonheur et au plaisir de faire-ensemble et de vivre-ensemble. Au plaisir d’étudier, d’enseigner et de travailler à l’Université Laval.
Le plaisir d’apprendre se nourrit certainement de relations, d’échanges, de travail en équipe… Je me souviens de mes années d’études à l’Université Laval. La chance de pouvoir retrouver mes confrères et consœurs à l’UNI et de repenser le monde. De rêver aux défis professionnels à venir, de partager nos angoisses face aux examens, de nous entraider et de nous soutenir dans nos études. De faire la fête et espérer trouver l’âme sœur.
Savoir que nous n’étions pas seuls, que nous pouvions compter les uns sur les autres. Savoir qu’à la sortie d’un examen, nous pouvions échanger et réaliser que ce sentiment mitigé par rapport à notre réussite était partagé par d’autres.
Retrouver ce plaisir d’apprendre, particulièrement pour ceux et celles qui n’ont pas eu la chance au cours des dernières années de pleinement savourer ce plaisir, demandera des efforts. Il nous faudra faciliter le retour sur le campus, soutenir la socialisation, l’ouverture vers l’autre et la participation. Notre université doit paver le chemin d’occasions nouvelles de revenir sur le campus et de vivre pleinement ce plaisir d’apprendre.
Le plaisir d’apprendre transmis par des enseignantes, des enseignants, des professeures et des professeurs heureux et heureuses d’enseigner, de développer et de nous transmettre leurs connaissances. Heureux et heureuses de voir devant eux une classe engagée, des yeux brillants, des regards attentifs, des personnes animées par les débats et les interactions.… Des personnes qui savourent le plaisir d’enseigner dans une classe vibrante… où l’énergie est palpable.
Enseigner, c’est très valorisant, enrichissant et énergisant, surtout lorsque notre attention peut être concentrée sur le transfert de connaissances et l’accompagnement des personnes dans leur parcours. Enseigner par l’expérience anime plusieurs d’entre vous. Au cœur de la démarche, le plaisir de présenter un trait d’union stimulant entre la théorie et la pratique, qui ouvre les horizons et qui anime le développement des compétences.
Le plaisir de travailler à l’Université Laval est certainement associé à la fierté qu’on éprouve de faire partie d’une grande communauté universitaire. De contribuer à la mission noble qu’est celle de l’enseignement et de la recherche. Le plaisir de travailler à l’Université Laval dépend aussi de la qualité de la vie sociale au travail et de la reconnaissance que l’on reçoit. Le plaisir de sentir que notre contribution est appréciée, reconnue et que nous ne sommes pas seuls et seules. Le plaisir d’assister aux matchs du Rouge et Or, de participer à des conférences à la fine pointe de la science, de soutenir les membres de la communauté, de rendre possible la mission universitaire. Le plaisir de faire équipe.
Le plaisir d’apprendre, d’enseigner et de travailler à l’Université Laval, il n’est pas garanti. Ce n’est pas dans le contrat. Chacune et chacun de nous doit faire l’effort de rendre plus agréable, plus inspirante et stimulante sa propre expérience, ainsi que celle de ses collègues ou de ses étudiants et étudiantes.
Le thème du « plaisir de se retrouver, d’apprendre, d’enseigner et de travailler à l’Université Laval » vous a peut-être surpris. Je nous invite à y réfléchir, à le mettre en contexte avec ce que nous avons vécu au cours des dernières années. Nous avons l’occasion de repenser notre « vivre-ensemble » et notre campus, notamment notre usage du numérique.
Le numérique a mis en évidence toutes sortes de situations, certaines plus intéressantes que d’autres. Il a aussi exigé de tous et toutes des efforts importants, du développement et de l’adaptation, sur le plan tant pédagogique qu’administratif. Quel usage voulons-nous en faire dans l’avenir ?
Comment faire en sorte que le numérique nous permette plus de flexibilité et d’efficacité ? Comment offrir des services répondant mieux aux besoins ? Comment éviter que le numérique crée une plus grande distance entre les membres de la communauté, que ceux-ci ne reconnaissent plus notre université dans l’espace numérique ? Le numérique est bien mal utilisé si, au bout du compte, les gens « décrochent », perdent le sens de leur engagement, la raison d’être de leur présence à l’Université Laval.
Le numérique permet de grandes choses, nous l’avons vu. Il a des effets transformatifs et irréversibles sur la société. À nous d’en faire un usage qui améliorera la réussite de nos étudiants et étudiantes, qui nous rapprochera des membres de notre communauté et de nos partenaires.
Le numérique génère des attentes qui pèsent souvent lourd sur nous toutes et tous. Qui n’a pas reçu un courriel à 22h00 demandant une réponse « le plus rapidement possible » ? Un courriel qui, au bout du compte, nous fera passer une bien mauvaise nuit. Qui n’a pas reçu un courriel dit « urgent » un samedi après-midi, qui en fait n’est pas si urgent ? Nous devons nous donner le droit à la déconnexion. C’est facile à dire, mais plus difficile à mettre en œuvre. Je nous invite à y réfléchir, à trouver une façon avec nos étudiants et étudiantes et avec nos collègues de respecter des besoins bien raisonnables de déconnexion.
Le numérique permet aussi le télétravail. Les technologies ont joué un rôle critique à l’Université pendant la pandémie. Alors, pourquoi ne pas permettre le télétravail à chacune et chacun, à sa guise, de la Floride ou du Québec ? Pourquoi ne pas permettre le télétravail à toutes les personnes qui sont plus efficaces à la maison qu’au bureau ? Après tout, la question est légitime : on a fonctionné à distance pendant la pandémie.
Le fait est qu’on en sait plus aujourd’hui sur les effets négatifs du télétravail. D’abord, le décrochage professionnel : cette érosion sournoise qui tranquillement nous éloigne du sens de notre travail, de sa contribution à la mission universitaire, qui éteint lentement la flamme de notre engagement, qui nous amène à croire que notre travail est juste un travail, et que je ne suis qu’un « processeur » qui réalise un « processus ».
Les effets de ce décrochage semblent plus importants en télétravail. Ils affectent le sentiment d’appartenance et de fierté de faire équipe et de réaliser de grandes choses. Force est de constater qu’il faut trouver le juste équilibre, la bonne formule. Je suis convaincue que nous y arriverons, en nous posant les bonnes questions, en choisissant les pratiques qui viseront une plus grande réussite de nos étudiants et étudiantes, la bonne conduite de nos recherches, ainsi que l’amélioration de notre bien-être.
La solution unique s’applique difficilement dans ce contexte. Certains besoins s’expriment sur le campus, alors que d’autres s’expriment facilement par le biais des services en ligne. Comme nous avons repris nos activités en présence, les équipes se rencontrent et travaillent en présence. Si offrir la comodalité aux collègues à distance semble en théorie la parfaite solution, nous en avons bien saisi certaines limites.
En parlant de comodalité, quelques réflexions sur l’évolution de nos programmes. Comment pouvons-nous mieux soutenir la réussite de nos étudiants et étudiantes, mieux construire et déployer nos programmes en misant sur la connaissance fine de nos experts et des technopédagogues ? Devons-nous repenser nos zones d’influence et de concertation, pour mieux valoriser et encourager l’exercice de la collégialité, dans la perspective de la réussite de nos étudiants et étudiantes ?
Les comités de programme doivent jouer un rôle central dans la transformation qui s’annonce à l’Université Laval. Ils sont des lieux privilégiés d’échanges et de concertation. Cette concertation du corps professoral avec les étudiants et étudiantes et les autres membres du personnel enseignant doit constituer le centre névralgique de l’évolution de nos programmes. Je me permets ici de penser que le « chacun pour soi » et l’angle des « préférences » ne nous seront pas d’une grande aide.
***
Je termine en faisant appel à vous tous et toutes, membres de la communauté universitaire, afin que vous participiez en grand nombre à la réflexion sur notre planification institutionnelle 2022-2027, qui sera lancée sous peu. Cet important exercice de concertation s’inscrit à un moment inédit de notre histoire et mérite d’être nourri de notre intelligence collective.
Il s’agit d’une formidable occasion de tracer ensemble l’avenir de notre université et de déterminer les gestes à poser pour répondre à six grands enjeux que j’ai présentés dans ma plateforme électorale et qui nous interpellent toutes et tous, soit :
- Bonifier notre offre en matière de formation tout au long de la vie;
- Accroître les interactions entre les savoirs, les sciences et la société;
- Repenser notre campus pour le rendre plus vibrant et mieux adapté aux nouvelles réalités;
- Innover pour offrir des services de proximité simplifiés et personnalisés;
- Enclencher la deuxième vitesse en développement durable;
- Assurer le bien-être de notre communauté.
Les membres de notre équipe de direction sont mobilisés. Nous voulons vous entendre. Agir ensemble nous permettra d’avoir encore plus d’impact.
Je vous souhaite une bonne rentrée universitaire et beaucoup de plaisir. Je vous remercie de faire partie de la grande communauté de l’Université Laval.
Un monde de talents
Lettre ouverte, La Presse, 14 décembre 2022
2021
Prononcé le mardi 28 septembre 2021 devant les membres du Conseil universitaire
Notre chemin, notre avenir.
Bonjour à toutes et tous, membres du Conseil universitaire,
Au cours des dernières années, je vous ai parlé du courage d’être ULaval, du pouvoir de l’éducation, de la fierté vécue dans l’expérience, de l’engagement et de la poursuite de l’excellence. Eh bien, force est de constater que cette attitude nous aura bien servi au cours des longs mois de pandémie, desquels nous sommes en train d’émerger. Je dois vous dire à quel point je suis inspirée par notre communauté.
L’automne dernier, nous nous posions tant de questions…
Serions-nous en mesure de garder le cap? D’offrir une formation adaptée et toujours aussi pertinente? Pourrions-nous nous concentrer sur l’essentiel? Nous pouvons dire haut et fort, avec énormément de fierté, qu’ensemble nous avons réussi. Mission accomplie!
L’engagement et la collaboration de tous les membres de notre communauté universitaire ont eu des répercussions positives dans toutes les sphères d’activité. Les étudiantes et étudiants ont démontré une détermination et une capacité d’adaptation hors du commun pour poursuivre leurs études dans un contexte d’isolement social. Les professeures et professeurs, le personnel enseignant, les professionnelles et professionnels et le personnel de soutien leur ont permis d’avancer et de réussir dans un contexte incertain et difficile. Les équipes de recherche ont mené des travaux permettant de mieux comprendre le virus et ses effets dans toutes les sphères de la société. C’est la communauté, dans son ensemble, qui a démontré une réelle cohésion afin de permettre la poursuite de notre mission.
Parmi les nombreux membres de la communauté universitaire qui se sont distingués tout au long de la pandémie, je tiens à saluer particulièrement les personnes travaillant dans le secteur de la santé qui ont été au front pour lutter contre la COVID-19.
À mes collègues de l’équipe de direction, aux doyennes et doyens ainsi qu’à tous les gestionnaires, je tiens à vous dire, à vous aussi, que vous avez été formidables. Vous avez fait tomber les silos, vous avez travaillé autrement, avec intelligence et sans relâche. Vous avez su garder le cap dans la tempête. Même lorsque vous nagiez dans l’inconnu et qu’il fallait quand même foncer et prendre des décisions difficiles… votre ouverture d’esprit, votre courage, votre bienveillance et votre agilité ont fait la différence.
Est-ce que tout a été parfait, partout? Bien sûr que non. Mais globalement, nous nous en sommes, collectivement, très bien tirés.
En ce début de session, nous entamons une année de transition. Une année qui nous permettra de prendre le recul nécessaire après dix-huit mois à combattre les effets du virus. Cette année de transition doit nous permettre de prendre le temps de discuter, de débattre et d’établir ensemble notre prochaine destination. Cette année, c’est le trait d’union entre l’état de crise que nous avons vécu et un état plus stable que plusieurs nomment «la nouvelle réalité».
L’Université Laval, comme toutes les autres organisations de la planète, doit définir sa «nouvelle réalité», faire le point et tirer profit des apprentissages de la dernière année. Cette nouvelle réalité nous appartient et doit être définie pour et par notre communauté universitaire. Pour ce faire, je compte bien être à l’écoute de vos préoccupations, de vos suggestions et de vos ambitions.
Le secteur de l’enseignement supérieur vivra de grandes transformations au cours des prochaines années. Des années très importantes pour l’avenir des universités et la place que les sociétés leur accorderont. Bien que plusieurs signaux témoignent d’occasions intéressantes pour les universités, notamment au Québec et au Canada, certaines menaces se profilent et elles ne peuvent être ignorées.
La question du numérique occupe un espace important dans les débats entourant l’évolution des universités. Je l’envisage sous une perspective fondamentale, soit la nécessité de nous centrer sur notre mission d’enseignement et de recherche et sur nos objectifs. Il ne faut surtout pas, par le numérique, créer une distance entre les personnes. L’expérience étudiante de même que l’interaction entre tous les membres de la communauté doivent s’améliorer, et non pas se détériorer, par un usage réfléchi du numérique.
Un avantage que nous avons à l’Université Laval, c’est d’avoir développé bien avant la pandémie un socle solide de compétences numériques, autant en pédagogie qu’en recherche. Alors que la très grande majorité des universités ont dû improviser en formation à distance, nous avions, en situation de crise, une longueur d’avance. C’est pourquoi nous pouvons nous projeter encore plus loin.
Depuis le début de la pandémie, nos professeures, professeurs, enseignantes et enseignants ont participé à plus de 11 000 formations sur tous les aspects de l’enseignement à distance et de la technopédagogie. Vous avez bien entendu… 11 000! Je ne connais aucune université qui a eu un tel succès dans le domaine, et cela sans obligation. C’est un témoignage sans équivoque de la détermination de notre communauté et de son engagement envers un usage de qualité et de classe mondiale du numérique.
Cette compétence unique, bien à nous, nous aidera à mieux conjuguer le numérique et les interactions humaines sur le campus. Elle teintera la façon dont nous aborderons la proximité, la personnalisation et l’aménagement des espaces sur le campus; la façon dont nous construirons une offre de formation distinctive, riche et variée. La façon dont nous développerons la recherche et nos partenariats. La façon dont nous soutiendrons l’internationalisation de l’Université Laval.
L’aménagement des espaces naturels et des immeubles de notre campus unique, combiné à notre tradition humaniste, nous permet de répondre à une diversité de besoins.
La communauté étudiante a apprécié nos efforts de la dernière année pour l’accueillir malgré la pandémie, par exemple en créant le Campus nordique et le Campus estival, et en aménageant des îlots sécuritaires de travail d’équipe dans les pavillons. Ces initiatives, et bien d’autres, ont contribué à briser l’isolement. Rappelons-nous que les contacts humains font partie intégrante de l’expérience universitaire.
Mais est-ce que tout cela sera suffisant pour marquer notre caractère distinctif? Je ne crois pas, malheureusement. Parce que plusieurs vous diront: un bon cours à telle université doit bien valoir un bon cours à telle autre université. Pourquoi ne pas tout rendre interchangeable?
Chers collègues, nous ne pouvons pas nous asseoir sur nos lauriers. Je crois que nous devons miser encore davantage sur notre leadership en recherche.
L’Université Laval est une grande université de recherche. À ce chapitre, notre histoire est impressionnante, tant dans les domaines des sciences de la vie et de la santé, des sciences humaines et sociales, des arts que dans le domaine des sciences naturelles et du génie. Notre histoire témoigne d’un apport constant aux collectivités et d’une contribution essentielle à la science et à l’évolution de la société, ici et ailleurs.
À mon avis, c’est en bonne partie dans cette grande force de recherche que réside la clé pour nous: celle qui offre le potentiel de nous distinguer, d’éviter le piège de la standardisation sans saveur, sans caractère distinctif. C’est aussi dans la recherche et le transfert de connaissances que notre université puise son pouvoir de transformation, en travaillant de concert avec la communauté et les nombreux partenaires provenant d’une grande diversité de milieux. Notre identité se forge autour de la collaboration.
La vie universitaire, sur le campus de l’Université Laval, dans la belle ville de Québec, s’enrichit de ces expériences, projets et stages en partenariat et offre des occasions uniques de contribuer positivement à l’avancement de la société. Elle contribue à rendre notre université différente, pertinente, ancrée dans sa communauté et ainsi à donner un sens à notre engagement.
Pourquoi étudier dans une grande université de recherche – la 7e au pays – dont plusieurs secteurs s’illustrent parmi les 100 meilleurs au monde? Pourquoi? Pour avoir accès à une formation distinctive, pour avoir accès plus vite que les autres à de nouvelles connaissances, pour savoir mieux que tout autre ce qui se dessine et à quoi le monde ressemblera, pour avoir une longueur d’avance et pour pouvoir compter sur un réseau de diplômées et diplômés engagés. Cette force de la recherche émanant de la communauté est précieuse et nos étudiantes et étudiants doivent pouvoir en tirer pleinement profit, tant aux cycles supérieurs que dans les programmes de formation initiale.
Pourquoi étudier tout au long de sa vie dans une grande université de recherche? Les diplômées et diplômés universitaires sont de plus en plus nombreux à retourner aux études pour des formations complémentaires de grande qualité. Nous ne pouvons pas laisser tomber ces professionnelles et professionnels en exercice, celles et ceux qui souhaitent acquérir des compétences ou des connaissances complémentaires, ou encore toutes les personnes qui souhaitent nourrir leur curiosité dans leur vie citoyenne. Nous avons la responsabilité de répondre à ces besoins de formation.
Bien entendu, la prestation ne peut pas être la même que celle offerte en formation initiale. Ces étudiantes et étudiants sont souvent parents; ils travaillent souvent à temps complet. Il faut penser autrement. L’offre de formation continue se doit d’être flexible et diversifiée. La formation tout au long de la vie demeure une importante occasion à développer dans notre université.
La pandémie a mis en évidence la pertinence et la richesse de nos formations courtes. La croissance de nos effectifs des dernières années est fortement associée à cette offre.
Nos formations et nos recherches évoluent au gré des changements de la société, parce que nous vivons dans la société et que nous sommes en interaction continuelle avec ses acteurs.
Devant une telle réalité, il est de la plus haute importance d’offrir des trajectoires de formation davantage axées sur les grands défis de société. Des trajectoires plus flexibles, plus personnalisées, plus interdisciplinaires. Les métiers changent: les sociologues s’intéressent aux technologies, les artistes se préoccupent des bénéfices de leur art sur la santé, les gestionnaires souhaitent une société plus verte et durable. Nous devons absolument poursuivre l’ouverture des frontières disciplinaires et intellectuelles.
Il ne s’agit pas ici de renier nos savoirs disciplinaires, ni de les réinventer, mais bien de les mettre en interaction différemment. La volonté incontestée de notre université de faire appel à tous les talents, pour apporter connaissances et solutions aux grands défis du développement durable, exige que nous puissions mieux intégrer et harmoniser nos savoirs, entre nous et avec les acteurs du milieu.
Le développement durable ne peut pas se réduire à un slogan. Il doit être un moteur, une force concrète de transformation, de changement de modes de vie et de consommation.
Nous devons lutter contre les changements climatiques, pour la protection des écosystèmes, et développer une économie et une société plus vertes, plus justes et plus durables.
Bref, nous devons toutes et tous être des acteurs d’une société plus consciente de la complexité des défis, tant localement qu’à l’échelle de la planète. C’est par cette mixité des savoirs que nous pourrons mieux fournir des solutions et des voies de passage. Toutes les disciplines d’études et de recherche de notre université peuvent et doivent contribuer à cet important chantier. Le renouvellement de notre politique et de la gouvernance en matière de développement durable est un engagement important pour aller plus loin.
Les prochaines années s’annoncent bonnes à l’Université Laval. Les étudiantes et étudiants nous ont choisis pour que nous les accompagnions contre vents et marées et pour que nous leur servions de tremplin vers le futur.
Nous avons atteint un nombre record d’inscriptions, malgré la fermeture des frontières.
Avec les facultés, les départements et les écoles, nous avons complété le plus important programme d’embauche de nouvelles professeures et nouveaux professeurs de notre histoire. Ces personnes font maintenant partie de la communauté de l’Université Laval, une université d’impact.
Les étudiantes et étudiants nous choisissent peu importe leur orientation sexuelle et de genre, leur condition de santé physique ou mentale, leur identité autochtone, leur appartenance culturelle, la couleur de leur peau, leur allégeance politique. L’environnement d’études, de recherche et de travail de l’Université Laval est vibrant, diversifié et stimulant. Notre communauté sait que nous sommes engagés dans la reconnaissance de l’égalité des personnes et de leurs identités diverses. Ces engagements animent notre campus et le rendent encore plus accueillant et attrayant.
Les derniers mois de la pandémie ont été difficiles pour tout le monde, particulièrement pour notre communauté étudiante. Les défis en santé mentale ont été exacerbés. Nos étudiantes et étudiants ont dit souffrir notamment de l’isolement et de l’absence d’une vie sociale. Ils nous ont dit être inquiets par rapport à leur avenir et à leur situation financière.
Les étudiantes et étudiants lancent un programme très important cette année, pour sensibiliser toute la communauté à ces défis. Ils proposent, avec le soutien du Centre d’aide aux étudiants, de nouveaux outils afin de mieux répondre aux besoins. Je nous invite, toutes et tous, à faire partie du mouvement: nous pouvons avoir une influence.
Au cours de la dernière année, nous avons démontré que nous avons le pouvoir de changer les choses et de repenser notre université. Nous avons le pouvoir de réparer ce qui ne va pas et d’envisager l’avenir ensemble sereinement, stratégiquement et positivement. Nous pouvons compter sur la liberté universitaire pour le faire sans pression ou ingérence externe, tant idéologique que politique. Nous pouvons le faire en protégeant l’intégrité de l’Université Laval et la capacité de sa communauté à accomplir sa mission.
Après tout ce que nous avons vécu, tant dans nos vies personnelles que professionnelles, il est difficile d’imaginer que notre université puisse redevenir «comme avant». Ensemble, nous conserverons le meilleur de ce que nous avons expérimenté et de ce que nous avons appris, pour faire de notre université une meilleure université.
Il semble évident que nous devons poursuivre cette grande expérience dans l’optique de saisir le moment, notre moment… et surtout de ne pas éteindre notre créativité, notre engagement. L’avenir nous appartient. Collectivement, nous pouvons réaliser des changements positifs et ambitieux qui permettront à notre université de renforcer sa pertinence et son rayonnement au sein de la société.
J’ai pleinement confiance en notre communauté, en son intelligence, en sa sagesse et en sa force de caractère. Elle tracera sa propre voie. Notre université est unique et elle le demeurera.
La balle est dans notre camp. Saisissons cette belle occasion de tracer ce chemin ensemble, de définir notre avenir à l’image de notre grande et belle communauté… ouverte, diverse, dynamique et ambitieuse.
L’innovation universitaire: une force transformatrice pour l’économie canadienne de l’après-pandémie
Lettre ouverte, Policy, 17 mai 2021
2020
Prononcé le mardi 22 septembre 2020 devant les membres du Conseil universitaire
Chers membres du Conseil universitaire,
Aujourd'hui, mes propos ne visent qu'un seul objectif: nous motiver à renouveler notre engagement envers notre mission universitaire et à saisir toute son importance dans le contexte de la pandémie mondiale qui continue de sévir.
Toutes les facettes de nos vies ont été affectées par la COVID-19. D'abord, il y a eu l'isolement, puis le confinement, la gestion des risques, la lutte pour rétablir une nouvelle normalité et la reconnaissance que la COVID-19 est là pour rester… Toutes ces phases, et d'autres à venir, nous ont forcés à puiser dans nos réserves, à faire preuve de détermination, de solidarité, de courage et de résilience. Toutes ces phases de la pandémie nous ont mis au défi d'avoir une plus grande agilité, une plus grande capacité de faire face à la complexité. C'est vrai à l'Université et c'est vrai aussi dans la société, ici et ailleurs dans le monde.
Notre université s'en sort bien et je vous dis MERCI. Tout le personnel, chacun et chacune d'entre vous, a mis la main à la pâte, a apporté une pierre à l'édifice. Sans cet engagement, nous n'aurions pas réussi à basculer vers le télétravail, à assurer la sécurité du campus en période de COVID-19, à appuyer et à soutenir les membres plus démunis de la communauté et les résidents du campus, à faire basculer 73% de l'offre de cours vers une formation à distance et à mener à la réussite et à la diplomation plus de dix mille étudiants et étudiantes. Nous n'aurions pas pu déployer la plus impressionnante offre de formation en technopédagogie et à accueillir plus de 6000 professeurs et enseignants dans ces cours. Nous n'aurions pas pu offrir un campus sécuritaire et une offre de formation adaptée à plus de 49 000 étudiants et étudiantes. Nous n'aurions pas pu contribuer par la recherche à la lutte contre la COVID-19 ainsi qu'à la mise au point de traitements et de vaccins. Nous n'aurions pas pu poursuivre nos recherches, même dans des conditions difficiles.
Dans quelques années, nous regarderons derrière nous et nous nous poserons certainement des questions: comment avons-nous traversé cette crise? Les impacts auront-ils été réversibles? Avons-nous établi les bonnes priorités? Avons-nous posé les bons gestes… devant l'incertitude, devant une situation sans précédent, devant une pandémie aux effets mondiaux? Comment pouvions-nous tout savoir, tout prévoir? Nous ne pouvions que nous faire confiance, nous serrer les coudes, écouter la science, agir avec diligence ainsi que donner priorité à la sécurité et à la santé physique et mentale de notre communauté.
Lorsque nous regarderons derrière, nous nous poserons aussi des questions relatives à la réalisation de notre mission. Avons-nous tout fait pour maintenir vivant le rêve d'un diplôme universitaire, pour encourager la persévérance, pour soutenir la réussite? Avons-nous préparé adéquatement nos étudiants et étudiantes à ce que l'avenir leur réserve? Avons-nous aidé les étudiants et étudiantes les plus vulnérables de notre communauté universitaire? Avons-nous aligné nos efforts de recherche sur les besoins urgents de la société en ce moment de crise? Ce sont quelques-unes des questions que nous nous poserons lorsque nous analyserons les mois passés à gérer la crise de la COVID-19 et à nous adapter à sa venue, dans nos vies et à l'Université Laval.
Je souhaite que nous puissions dire que nous avons relevé avec brio les défis qui se sont imposés à nous. Je souhaite pouvoir dire que notre mission aura été préservée et défendue, qu'elle aura été même mise en valeur et que nous aurons apporté à la société tous les leviers dont nous disposions pour qu'elle puisse se relever et se réinventer de façon structurante pour un meilleur futur. Je souhaite que notre engagement soit réel et durable.
Maintenant que nous commençons à parler de reprise socioéconomique, de relance, maintenant que nous sommes animés à l'idée de rebondir – oui, on a vraiment hâte de la larguer, cette COVID-19 –, maintenant que nous portons notre regard vers l'avenir, à quoi pensons-nous? Qu'est-ce qui nous guide?
Les générations à venir auront à relever de très grands défis, tout aussi importants que ceux que nous avons dû relever à la suite de la Deuxième Guerre mondiale. Elles reconstruiront notre économie. Elles réinventeront plusieurs pans de notre société. Elles imagineront cette relance, tout en luttant contre les effets des changements climatiques. Elles redéfiniront l'ordre mondial qui s'est profondément effrité. Elles devront faire face aussi à de réelles menaces de cyberattaque et de bioterrorisme.
Ces générations devront faire face à un mouvement de fond, celui des fausses nouvelles et des théories du complot. Ce mouvement amenuise ou discrédite la valeur des faits en les politisant, et cela, même s'ils ont été établis par des processus rigoureux de science ou d'analyse critique. Ce mouvement brouille la capacité collective de décision et perturbe l'engagement envers nos responsabilités collectives et sociales, notamment celle «de penser aux autres».
Ce sont des défis gigantesques que les générations à venir pourront relever parce que nous ne les laisserons pas tomber, et cela, tout au long de leur vie. Parce que l'Université Laval sera toujours cette université d'impact, qui a accompagné des générations et des générations dans la réussite de leurs propres défis. Cependant, cette fois, force est de constater que les défis sont plus importants. Notre engagement devra alors être aussi plus important. Notre engagement doit être renouvelé.
Je suis fière, très fière, des réussites de notre université. Je pense que la crise aura permis à toutes les facultés, à tous les services et à toutes les unités de mettre en évidence leurs talents et de mettre en œuvre, dans l'urgence, de nouvelles façons de faire. Cette grande période d'expérimentation nous aura fait découvrir des potentiels significatifs d'amélioration et de transformation ainsi que des pistes pour adapter nos efforts au contexte qui se présente à nous.
Si nous ne voyions pas comment le télétravail pouvait se déployer dans nos services, aujourd'hui, nous savons que nous pouvons l'envisager. Si l'enseignement à distance générait des inquiétudes, aujourd'hui, nous explorons et comprenons mieux les leviers que la technopédagogie peut apporter. Nous comprenons mieux comment celle-ci peut enrichir l'expérience étudiante. Si nous trouvions difficile de joindre de grands publics dans des efforts de transfert de connaissances, nous savons aujourd'hui qu'il est possible de le faire en utilisant de façon adaptée des technologies de l'information et de la communication. Nous pourrons tirer profit de ces apprentissages et faire avancer notre université, en la rendant notamment plus agile.
L'affirmation de notre caractère, celui d'une université d'impact, nous projettera dans l'avenir. Cette université s'investit dans les grands défis de société; elle forme, guide et accompagne les générations étudiantes avec un engagement senti envers leur réussite et le développement de leurs compétences; elle travaille en collaboration avec tous les milieux. Bref, c'est une université qui se soucie des gens et des collectivités et qui reconnaît pleinement la valeur de la connaissance. Tout cela ne changera pas. Ce qui changera, ce sera la façon d'être cette université d'impact. Les apprentissages de cette grande période d'expérimentation imposée par la COVID-19 devront nous aider à transformer notre université, parce que nos étudiants et étudiantes d'aujourd'hui sont plus que jamais appelés à transformer le monde de demain.
Cet engagement renouvelé, l'ambition d'être au côté de ces générations qui construiront un meilleur futur, cette volonté de maintenir l'accessibilité et la qualité quels que soient les modes de prestation et de former tout au long de la vie, nous n'y arriverons que si nous misons sur nous tous: les gens qui forment cette grande équipe de l'Université Laval et qui nous rendent si fiers tous les jours.
La COVID-19, personne ne l'a souhaitée. Elle a bousculé nos vies. Certains membres de notre communauté ont été plus affectés que d'autres. Ils ont dû conjuguer, tout au long de cette crise, leurs vies personnelle, familiale et professionnelle. Rien de simple, pour plusieurs. La COVID-19 a eu et aura encore des impacts négatifs sur les membres de notre communauté. Il nous faut être bienveillants les uns envers les autres, prêter attention à nos comportements et à nos paroles.
Il nous faut tendre la main, penser à nos collègues, à ceux qui vivent seuls, à ceux qui vivent des difficultés, à ceux qui sont infectés par la COVID-19.
Bref, je nous demande d'être bienveillants, respectueux, patients, car nous avons besoin de tous et toutes pour réussir l'essentielle mission de l'Université Laval et poursuivre notre engagement vers un meilleur avenir, celui que nous bâtirons ensemble.
Aux étudiants et étudiantes, nous serons à vos côtés.
Vous devez, pour votre part, réfléchir à la définition de la société à laquelle vous aspirez. Vous devez réaliser que vous avez des responsabilités importantes en temps de COVID-19, en ce qui concerne le rôle particulier de votre génération dans l'ensemble de la population. Ce cheminement, il vous appartient. Je vous invite à profiter de cette rentrée universitaire pour échanger sur ces sujets importants avec vos amis, vos parents, vos grands-parents, vos enseignants et professeurs. Vous êtes déjà en mouvement et vous êtes déjà en train de définir la société de demain. Vos prédécesseurs, étudiants et étudiantes du passé, vous ont légué un environnement d'études de grande qualité; ils ont investi dans cette construction tout au long de leurs études et de leur vie et vous bénéficiez aujourd'hui de ce legs. C'est maintenant à votre tour de préparer votre legs aux générations futures. Ce n'est pas une mince responsabilité. C'est comme cela que l'avenir se bâtit. Ensemble!
Innover plus, mais surtout innover mieux
Lettre ouverte, La Presse+, 18 décembre 2020
Protégeons la liberté académique
Lettre ouverte, ULaval nouvelles, 23 octobre 2020
Université Laval: partenaire pour une relance durable
Lettre ouverte, Le Soleil, 29 septembre 2020
En appui au Réseau structurant de transport en commun
Lettre ouverte, ULaval nouvelles, 3 août 2020
Tramway de Québec, un dernier effort collectif
Lettre ouverte, Le Soleil, 2 août 2020
Sophie D’Amours dénonce le racisme et la discrimination
Lettre ouverte, ULaval nouvelles, 9 juin 2020
Un rôle névralgique durant la crise
Lettre ouverte, Le Soleil, 3 avril 2020
L’Université applaudit la création de l’Université de l’Ontario français
Lettre ouverte, ULaval nouvelles, 28 février 2020
2019
Prononcé le 30 octobre 2019 à Ottawa devant des membres de l'association.
Introduction
Bonjour,
C'est pour moi un grand plaisir et un immense privilège que de présider le conseil d'administration d'une association aussi importante pour la scène universitaire canadienne.
Je sais que notre association était entre bonnes mains sous la gouverne de mon prédécesseur, Mike Mahon. Tout le monde ici en conviendra, Mike est un atout très précieux pour le conseil d'administration, et il a su avec brio maintenir toutes les portes et toutes les lignes de communication ouvertes avec le gouvernement et les autres intervenants. Je suis reconnaissante et honorée de lui succéder.
Un but partagé nous unit au sein de ce conseil. Au-delà des différences nombreuses entre nos campus ou nos programmes respectifs, nous avons énormément en commun. Nous voulons tous faire au mieux et nous savons qu'ensemble, nous pouvons faire plus.
Je suis heureuse de porter la cause des universités, et d'avoir pu travailler avec plusieurs d'entre vous ces dernières années. J'ai pu prendre la pleine mesure de la diversité des approches au Canada et j'ai eu la chance d'ajouter mon grain de sel. C'est important pour moi de consacrer du temps à cette mission. Par mon engagement dans Universités Canada, je peux exercer plus d'influence en notre nom à tous. Mon université d'attache peut en exercer plus. Et tous ensemble, nous pouvons laisser une marque durable sur le pays.
Quand je vous regarde, je pense à tous les étudiants, les professeurs, les chercheurs et les innovateurs dans votre giron. Sur tous les campus, la priorité est la même. Des différences existent évidemment sur le plan administratif et dans nos secteurs de pointe. De même, nos cultures organisationnelles se distinguent l'une de l'autre: on est rouge et or à Laval, mais violet à Western; on vole auprès des corbeaux à Carleton ou des griffons à Guelph. Mais la priorité du corps professoral, du corps étudiant et du corps administratif est partout la même: apprendre, repousser les frontières, ouvrir de nouvelles possibilités et réussir.
Collectivement, nous sommes une locomotive carburant à la connaissance, à la science, à la jeunesse et à l'espoir.
Nous développons les études, la recherche et l'enseignement en quête de dépassement. La population nous a confié ses aspirations; nous n'avons pas le droit de trahir cette confiance.
Vous le savez peut-être, comme chercheuse, je me suis intéressée à la logistique des chaînes de valeur: approvisionnement en matière première, ajout de valeur et distribution du produit aux consommateurs par le truchement d'alliances et de partenariats habiles. L'évocation de ce domaine d'étude fait habituellement songer au secteur des biens et services, mais pensons-y un instant en termes de résultats. Le parallèle avec notre travail saute aux yeux.
Ajouter de la valeur: tel doit être notre but. Chaque étudiant qui assiste à l'un de nos cours veut en retirer plus que des connaissances. Il veut avoir la certitude que son éducation universitaire fera de lui un meilleur citoyen.
Les nouvelles générations étudiantes attendent cela des universités. Ces personnes veulent savoir que les villes, les provinces et le pays seront plus prospères en raison de la présence d'un plus grand nombre de diplômés universitaires.
Comme dirigeants d'université, nous apprécions ce moment si précieux où nous serrons la main des diplômés, le jour de la collation des grades, et où nous prenons pleinement conscience de toute la valeur de cette formation. Nous réalisons alors comment ces personnes peuvent devenir des leaders et transformer nos vies, nos communautés et nos sociétés.
Au nom de quoi nous, les universités, cultivons-nous des ambitions si pleines d'audace?
Nous pouvons nous définir par nos découvertes les plus percutantes, par la position que nous occupons dans le monde ou encore par les problèmes que nous tentons de régler. Il y en a d'innombrables, comme chacun sait. Bref, nous sommes à la fois nos forces, notre réalité et nos défis.
Nos forces
Chacun d'entre nous pourrait plaider le caractère unique de son université, avec raison.
Parmi nos forces, je mentionnerais l'éventail de programmes et de champs d'études que nous offrons collectivement, de l'océanographie à la foresterie, de la microbiologie à la politique internationale et de l'Épopée de Gilgamesh à la bande dessinée. J'ajouterais la diversité des modes par lesquels on peut suivre ces programmes: en personne, en ligne, à distance, voire dans le cadre d'une résidence, d'une coopération ou d'un stage. Nous modulons notre offre en fonction de la demande du monde qui nous entoure. Il nous arrive même de préparer des étudiants pour des carrières qui n'existent pas encore.
Nous pouvons croire que nous sommes en effet au début d'une nouvelle vague, celle entre autres de l'intelligence artificielle, de la robotique avancée et de la fabrication 3D. Une vague qui aura des effets importants sur tous les aspects de nos vies, particulièrement sur la façon dont les gens travailleront, étudieront, acquerront des connaissances et développeront leurs compétences. Une vague qui risque d'être plus courte, d'une durée de 15 ans comparativement à 60 ans. Une vague qui transformera profondément les universités. Nous devons garder en tête l'importance de cette transformation numérique alors que nos universités se modernisent et se questionnent sur la façon optimale d'accueillir les prochaines générations étudiantes.
À tout moment, plus de 1,4 million d'étudiants arpentent nos campus. Or, la plupart d'entre nous savent bien que cette statistique ne dit qu'une partie de l'histoire. La population étudiante se diversifie sans cesse par son identité, son milieu socioéconomique et ses origines. Nous proposons plus d'occasions d'études à l'international et nous accueillons plus d'étudiants étrangers.
Dans tous les cas, ça nous ouvre de nouvelles perspectives, ça fait évoluer l'éducation que nous prodiguons et ça enrichit notre connaissance du monde. En passant, les étudiants étrangers contribuent à notre économie pour plus à 20 milliards de dollars. C'est plus que l'industrie du blé, plus que celle du bois d'œuvre, et autant que le secteur des pièces d'auto et la valeur des exportations de services financiers. La bonne santé de l'économie canadienne repose en partie sur notre pouvoir d'attraction de ces étudiants.
Le Canada ne peut être fort que si ses universités sont des espaces de pluralisme et d'innovation. Je ne vous l'apprends pas, nous avons la responsabilité d'accueillir en nos murs une multiplicité d'idées, de provenances, de cultures et de points de vue. Les résultats de notre sondage sur les progrès de l'égalité des chances, de la diversité et de l'ouverture sont sans équivoque. Personne n'a le monopole des bonnes idées, et à notre époque de bouleversements économiques, technologiques, sociaux et environnementaux planétaires, nous ne pouvons laisser personne de côté. Le monde a besoin d'entendre toutes les voix.
Nous avons d'ailleurs réalisé des progrès marqués, dans tous nos établissements, afin d'être plus inclusifs, tout en visant l'excellence dans la recherche et l'enseignement.
Cet objectif revêt une grande importance.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles nous devons l'atteindre… et l'une d'elles est qu'un milieu plus équitable, plus diversifié et plus inclusif est aussi un milieu plus riche, plus stimulant et plus innovant.
Ce constat est certainement à l'origine des efforts que nous déployons depuis une dizaine d'années pour démocratiser l'éducation universitaire chez les étudiants autochtones et améliorer leur taux de réussite, en étroite collaboration avec leurs communautés.
Nous y sommes parvenus en convenant de principes institutionnels en matière d'éducation des Autochtones et en multipliant les initiatives comme le Forum sur la réconciliation qui s'est récemment tenu à l'Université Algoma (auquel je n'ai pas pu assister, mais les délégués de l'Université Laval sont revenus enthousiasmés de Sault-Sainte-Marie; la présidente de l'Université du Québec, Johanne Jean, et moi-même vous invitons d'ailleurs à vous joindre à nous l'an prochain, au Québec, à l'occasion du forum que nous coprésiderons).
Universités Canada reconnaît l'urgence de combler ce fossé éducatif et elle fait sa part à cet effet:
- Plus des deux tiers des universités canadiennes cherchent des façons d'accueillir des Autochtones dans leurs structures de direction.
- Deux tiers des universités font place aux savoirs, aux méthodes et aux protocoles autochtones dans leurs politiques, leurs programmes et leurs pratiques de recherche et d'enseignement.
- Le nombre de programmes d'études consacrés aux Autochtones est en hausse et nous tentons activement de recruter des étudiants autochtones.
Il vaut la peine de rappeler ici ce qu'a dit l'honorable juge Murray Sinclair à la publication du rapport de la Commission de vérité et réconciliation: «L'éducation est à la source de ce gâchis, mais c'est aussi la clé de la réconciliation.»
Tous conviendront que beaucoup a déjà été accompli, mais qu'il reste encore fort à faire.
Notre réalité
La place qu'occupe une université dans son milieu façonne une partie de sa réalité. Les retombées de sa présence profitent même à ceux qui n'y étudient pas ou n'y enseignent pas. Un grand nombre des bibliothèques, des théâtres, des installations sportives ou des studios sur les campus canadiens sont ouverts au public. Les spectacles des troupes étudiantes le sont aussi, et ce faisant ils lèvent le voile sur quelques-uns des courants culturels de demain. Les camps d'été inspirent la jeunesse, et notre ouverture aux élèves du secondaire enrichit leurs parcours.
En outre, nous offrons de bons emplois. Laissez-moi illustrer mon propos par le cas de Québec:
- L'Université Laval compte presque 10 000 employés.
- Plus de 30 pour cent de la population active détient un grade universitaire, et une personne sur quatre détient un grade de l'Université Laval. On voit là le lien vital entre l'université et son milieu, et sur ce plan la réalité de Québec existe aussi un peu partout au Canada.
- Quelque 9000 étudiants sont inscrits en formation continue, dont 4000 à l'Université du 3e âge.
La valeur ajoutée est immense.
- Ce n'est pas tout: pensons aussi aux efforts des chercheurs pour répondre aux questions sociales d'actualité. Comment réduire les inégalités en santé au Québec, par exemple? Voilà un champ où les synergies entre recherche et enseignement créent une plus-value appréciable.
Chacun d'entre nous peut témoigner des maillages que son université d'attache crée avec les décideurs municipaux. Parfois, en effet, l'université se positionne comme une voix neutre, un intervenant qui n'est ni le secteur privé ni le gouvernement et dont la finalité est de renforcer la trame sociale de son milieu.
D'est en ouest, nos esprits les plus forts participent à résoudre des problèmes de proximité dans le cadre de collaborations de recherche et de stages étudiants. On fait appel à nos spécialistes pour apporter des faits, donner du recul ou mettre en lumière une logique.
Chaque ville universitaire peut et doit tirer parti de la richesse de connaissances pointues qui est celle d'une université.
Nous avons du succès dans cette approche, à un point tel que ces collaborations nous définissent désormais en tant qu'universités canadiennes
Nos universités sont des partenaires locaux de premier plan autant que des acteurs sur la scène internationale.
Nous produisons au Canada un savoir immense, avec un taux de publication bien au-delà de notre poids démographique. La force de la recherche et du développement du Canada est un des piliers fondamentaux de notre capacité à tirer profit de la connaissance et des innovations. Toutefois, force est de constater que nous sommes loin d'être les seuls à le faire. Nos réseaux internationaux sont fort utiles pour assurer le développement et la fluidité des idées, avant même qu'elles se retrouvent dans des innovations tant sociales que technologiques.
Nous pouvons facilement imaginer qu'au cours des 15 à 20 prochaines années, les scientifiques feront plus de découvertes que nous en avons faites depuis le début de l'humanité. Les universités canadiennes seront au cœur de cette effervescence. Elles contribueront aussi à aider les Canadiens à faire des choix et orienter les décisions. Par exemple, comment tirer profit de l'intelligence artificielle? Des décisions importantes pour l'avenir de notre pays, pour l'économie et le bien-être de la population. Les experts de divers horizons, sciences sociales, génie, droit, santé, devront travailler ensemble pour soutenir nos décideurs.
Cette contribution exceptionnelle explique en bonne partie la qualité de vie dont nous jouissons au Canada.
Nous sortons de nos murs pour recruter les têtes les mieux formées. Nous abattons les frontières pour toujours disposer des savoirs les plus justes et les plus actuels. Nous voulons apprendre des autres autant que les instruire, pourvu que nous avancions ce faisant.
La réputation populaire des universités canadiennes est globalement positive depuis assez longtemps, ce qui ne surprend peut-être personne ici. Le dernier sondage d'Universités Canada indique que 66% des répondants ont une impression favorable des universités. (À cet égard, vous ne m'en voudrez pas de souligner que les universités du Québec se positionnent au-dessus de la moyenne et récoltent 75% d'approbation.) On reconnaît notre utilité sur les questions socialement prioritaires. Il y a de quoi être fiers.
Mais prenons garde à ne pas nous asseoir sur nos lauriers.
Nos défis
Parlons un peu des défis. Les affres de l'incertitude économique, la situation de l'emploi et les écueils du bouleversement technologique se sont conjugués pour faire naître un malaise dont les mouvements populistes font leurs choux gras.
Une méfiance des élites, des données probantes et des institutions se répand dans la société, et nous nous sentons visés avec raison. La pandémie des soi-disant «fausses nouvelles» continue de brouiller la compréhension du concept de vérité. Les universités doivent rester vigilantes.
L'époque que nous vivons comporte son lot de ruptures et de changements. Dans cette perspective, rappelons-nous tout l'apport de l'éducation supérieure en tant que force mobilisatrice et non partisane.
Le travail d'Universités Canada pour faire valoir les dossiers prioritaires de ses membres est louable et mérite d'être appuyé. C'est en raison de cette approche que nous sommes si bien positionnés, que toutes nos portes sont ouvertes.
Notre sondage pancanadien nous apprend que pour certaines personnes, les universités manquent de pertinence et se trompent d'orientation.
La dette, le stress et la santé mentale des étudiants inquiètent les répondants. La même réalité se vit sur tous les campus. Bien sûr, nous incitons nos étudiants au dépassement, mais nous devons prendre acte de l'anxiété et de la dépression qui sévissent chez les jeunes.
Nos étudiants s'attendent à acquérir des savoirs, à apprendre à voir grand et à mieux réussir leur vie grâce à leurs études universitaires. Cette confiance est précieuse. À nous de ne pas la perdre.
Par leurs efforts, nos prédécesseurs ont élevé les universités du Canada à leur niveau actuel. Sachons nous en montrer dignes.
Ces dernières années, les gouvernements sont parfois sortis de leur réserve traditionnelle de manières qui menacent l'autonomie universitaire. Toutes les universités du Canada doivent composer avec un resserrement de la réglementation provinciale et des ingérences qui érodent leur autorité décisionnelle.
La défense de l'autonomie universitaire est notre responsabilité à tous. Dans ce monde de bouleversements qui est le nôtre, nous avons le devoir d'affirmer haut et fort notre valeur intrinsèque.
La méfiance ne saurait être la cause de cette érosion; nous savons pertinemment que l'université peut être à la fois autonome et digne de confiance. Par contre, en convaincre les gouvernements n'est pas une mince tâche.
Un peu dans la même veine, la liberté d'expression est une valeur phare de l'université, mais il est arrivé qu'on la confonde avec la liberté de haine.
Les universités jouent un rôle fondamental au sein des démocraties, particulièrement en établissant des espaces de dialogue sécuritaires sur des enjeux difficiles et délicats. Nous avons démontré, à plusieurs occasions, notre engagement indéfectible pour la liberté d'expression et le respect de la diversité des idées.
Le débat et l'accueil avec civilité d'une pluralité de voix peuvent être difficiles, autant au sein de l'université qu'en dehors. Pour cette raison, nous en appelons à l'engagement de tous dans ce sens.
Les échanges sont devenus tellement politisés que le terme «liberté d'expression» a acquis un tout autre sens dans certains cercles. Comment pouvons-nous promouvoir la liberté d'expression et faire échec à la liberté de haine simultanément? Comment nos approches scientifiques et nos valeurs universelles peuvent-elles nous aider à aménager des espaces de débat et de médiation respectueux?
Il serait facile pour les Canadiens d'afficher une certaine suffisance en regardant ce qui se passe ailleurs. Aux quatre coins du monde, on envie notre relative stabilité. Cela dit, plus nous multiplions nos contacts avec l'étranger, plus le monde se rétrécit. Le monde est aujourd'hui notre chez-soi à tous, mais c'est un chez-soi trouble. La grande famille universitaire compte parmi les interlocuteurs internationaux les plus avertis au pays: à elle de continuer ce qu'elle sait faire de mieux, tout en gardant l'œil ouvert sur la géopolitique des conflits, les renversements d'alliance et les conflits commerciaux.
Pensons à l'affrontement entre la Chine et les États-Unis, ou à celui entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne. En contexte d'effritement des ententes politiques, les universités ont le devoir de garder le cap sur leur mission pour, sinon renforcer, du moins protéger les ponts bâtis avec les étudiants, les citoyens, les dirigeants et les chercheurs du monde entier. Nous pouvons garder ouverts les canaux d'échange, les voies de dialogue. Tout le monde y gagnera.
Universités Canada
À Universités Canada, nous savons la valeur de la coopération. En tant que forum de recteurs, nous sommes aussi une chambre de résonnance des conversations pancanadiennes. Vous êtes des leaders, mais aussi, je le sais, des hommes et des femmes de conviction.
Cette force de conviction est notre force, particulièrement à notre époque de bouleversements et de transformations en tous genres. Nous composons aujourd'hui avec un gouvernement fédéral minoritaire. Qu'est-ce que ça signifie? En gros, que nous devons nous montrer plus vigilants, plus unis, et qu'il nous faut recentrer notre action sur les questions qui préoccupent le plus les citoyens. Nous mettrons toutes les chances de réussir de notre côté si nous sommes solidaires dans notre engagement et agissons dans le cadre d'Universités Canada.
Qu'on ne s'y méprenne pas: peu importe les manières dont le monde, les gouvernements et les sociétés changeront, une chose sera toujours vraie: l'université est une force de développement économique, social et culturel et de mondialisation sur laquelle il faut compter. Personne ici ne contestera cette affirmation. Par conséquent, les échanges que nous aurons aujourd'hui et dans les mois à venir seront critiques.
En y participant, nous choisissons d'exercer de l'influence. En nous demandant sans cesse si notre action est suffisante, nous choisissons d'en faire plus.
Car nos universités canadiennes sont fortes, diversifiées et rayonnantes. Elles ont tous les leviers pour avoir un impact au Canada et dans le monde.
Ensemble, avec nos partenaires, nous avons tout ce qu'il faut pour laisser une marque durable dans la société et former les prochaines générations de leaders.
Merci.
Prononcé le mardi 24 septembre 2019 devant les membres du Conseil universitaire
La portée de l’Université Laval, plus grande qu’on peut l’imaginer
Bonjour à toutes et à tous.
Je suis ravie de vous retrouver pour cette nouvelle rentrée du conseil universitaire.
Avant de venir devant vous aujourd’hui, j’ai pris le soin de poser une question à quelques personnes. J’ai demandé: «Pour toi, qu’est-ce qu’une université d’impact?» Leurs réponses m’ont inspirée. «C’est l’université que l’on veut être.» «C’est une université qui nous rend fiers.» «Une université qui influence.» «Une université dont la portée de ses actions s’étend au-delà de ses frontières.» «Une université qui se renouvelle constamment.»
On m’a aussi répondu: «C’est l’Université Laval!» C’est nous. Nous sommes une université d’impact.
Aussi, cette année, j’ai choisi de vous parler de la portée et de l’influence de notre université. Les universités dites «d’impact» se distinguent par leur engagement à faire face aux enjeux de société. Elles cherchent à être des exemples à travers leur gouvernance, leurs stratégies, leurs partenariats et leurs activités. Elles aspirent, par leur recherche et leur enseignement, à changer le monde. Elles forment des générations de chefs de file animés d’une profonde conviction. Elles ont le talent et les capacités de relever tant de grands défis.
Nous avons ce talent. Cette capacité.
Ce n’est pas moi qui vous le dis. Dans les classements mondiaux, l’Université Laval se situe entre le 250e et le 300e rang général. Pas mal, lorsqu’on estime qu’il existe plus de 15 000 universités de par le monde. Or, dans un classement récent qui mesure plus particulièrement l’impact des universités, nous sommes dans le groupe des 100 meilleurs. Encore mieux: nous sommes au 66e rang.
Si nous regardons un aspect bien précis, la lutte contre les changements climatiques – qui demeure tout de même l’un des plus grands défis de l’humanité –, nous sommes 4e au monde!
Nous nous distinguons aussi par nos recherches, notre enseignement et nos actions sur la santé et le bien-être des populations autant que sur l’égalité des sexes.
Aujourd’hui, ces réalisations me rendent très fière. J’ai toujours été très fière de notre établissement. Je sais que, depuis toujours, les femmes et les hommes qui ont construit notre université ont voulu agir concrètement pour changer les choses.
Je sais que ces personnes se sont investies dans une recherche de la vérité, pour mieux comprendre, mieux façonner notre monde, mieux expliquer et produire des connaissances vitales. Elles ont toujours cherché à contribuer significativement à l’édification de notre société.
J’ai toujours su ces choses… Mais je n’ai jamais pris conscience de toute la portée, de toutes les retombées de cet engagement. Je ne réalisais pas la pleine la puissance de notre impact.
Plus de 312 000 diplômés dans le monde. Plus de 312 000 personnes formées chez nous qui, jour après jour, utilisent leurs connaissances et leurs talents pour faire avancer nos collectivités et notre grande région de Québec.
Ces gens nous ont fait confiance et nous font encore confiance. Ils font désormais partie d’un levier socio-économique indéniable. Ils propulsent les performances économiques de la région. Ils siègent à des conseils d’administration, dirigent des entreprises mondiales, sauvent des vies, forment les futures générations, gouvernent, animent la vie culturelle de la nation québécoise. Ils entretiennent la flamme de l’Université Laval tous les jours.
Et ces gens redonnent! Des centaines de millions! Par leurs dons, leur grande générosité philanthropique, ils assurent à notre relève un avenir prometteur.
Nous avons eu un impact sur ces personnes. À leur tour, elles ont un impact concret sur notre université et notre société.
Je mesure mieux, aujourd’hui, cet impact colossal de la recherche menée par nos professeurs et leurs équipes, dans tous les domaines. Une recherche portée par de nobles idéaux, menée dans le respect des meilleures pratiques, qui contribue à relever des défis de science comme des défis de société. Une recherche qui s’inscrit dans une logique partenariale avec les milieux, qui fait notre renommée partout dans le monde. Une recherche qui se veut innovante, ouverte et accessible au plus grand nombre.
Je constate aussi, mieux que jamais, l’incroyable force de nos équipes qui mettent tout en œuvre pour soutenir la réussite étudiante. Nous affichons, à l’Université Laval, le taux de diplomation le plus élevé parmi toutes les universités francophones du pays. Le Canada se classe au 4e rang parmi les pays ayant le plus haut taux de diplomation. Je vous parle ici d’un impact immédiat, concret, pour nos étudiantes et nos étudiants, pour la société.
Mais ne nous arrêtons pas à cette réussite.
Car force est de constater qu’aujourd’hui, plus que jamais, nos sociétés ont besoin de connaissances. Nos défis collectifs sont colossaux. Les fausses nouvelles fusent de partout et nous compliquent la tâche. Nous vivons dans une époque de grande diffusion de l’information, et l’université doit trouver de nouvelles stratégies pour renforcer le dialogue.
Je vous parle ici de ce partenariat entre société et science, si nécessaire à l’avancement des collectivités. Dans cette ère de grands enjeux planétaires et humanitaires, nous devons plus que jamais travailler ensemble. Résoudre ces questions nécessite l’apport d’une plus grande diversité de personnes. Plus de points de vue. Plus d’expertises différentes et de variété de talents. Parce que relever ces défis majeurs requiert l’acceptabilité sociale, pas que la connaissance. Cela demande l’engagement de la société civile. Les changements climatiques en sont des exemples éloquents.
Il ne s’agit pas de notre premier défi.
Chaque époque a eu les siens. Chaque époque aura été un moment de remise en question pour les universités. Aujourd’hui encore, nous devons faire face à des forces externes qui nous poussent au dépassement, à l’innovation et au maintien d’un solide lien de confiance avec nos concitoyens.
Les ruptures sociales, culturelles, économiques, technologiques, politiques et environnementales – toutes ces ruptures – apportent leur lot de menaces et d’opportunités. On n’a qu’à penser à l’intelligence artificielle et à ses impacts sociétaux, aux inégalités en santé, aux défis du vivre ensemble, à la pauvreté et à la sécurité alimentaire, à l’intelligence urbaine, à la lutte contre les changements climatiques…
Or, qu’avons-nous fait, nous, à l’Université Laval, devant ces ruptures? Nous avons choisi d’avoir une influence, d’agir concrètement! Nous avons choisi d’embrasser la complexité des enjeux et de mobiliser de grandes équipes. Nous avons transformé, jour après jour, nos façons de faire, portés par notre ambition d’être toujours une université dite «d’impact».
Si nous souhaitons vraiment changer le monde, si nous désirons apporter des changements sociétaux, nous devons développer des compétences nouvelles, adaptées à l’ampleur des chantiers devant nous.
Déjà, on nous reconnaît pour notre leadership pédagogique, notre façon de former, d’utiliser les leviers du numérique, d’inspirer, de donner l’envie d’entreprendre. Déjà, on nous reconnaît pour notre façon bien spéciale d’offrir des expériences uniques qui permettent à nos étudiantes et étudiants de développer de précieuses compétences, d’explorer le monde, d’exercer leur leadership, de mesurer leur talent.
Je ne ferai pas l’éloge de toutes ces initiatives. Vous les voyez, comme moi. Vous êtes inspirés, comme moi, par ces projets de recherche pour mieux aider nos aînés et nos jeunes décrocheurs, pour combattre la pauvreté ou pour lutter contre les virus ravageurs de ce monde. Par tous ces projets d’études qui développent chez nos étudiantes et étudiants la confiance en leur talent, la résilience, la capacité de faire face à la complexité.
Ces initiatives sont nombreuses et inspirantes. Elles trouvent leur puissance dans l’interdisciplinarité, le dialogue et le travail d’équipe. Elles témoignent d’un partenariat soutenu avec les milieux.
C’est la façon dont nous avons choisi, à l’Université Laval, d’avoir un impact. D’être nous. Et je suis convaincue que cette identité, qui nous a façonnés, teintera la façon dont nous accompagnerons nos étudiantes et nos étudiants tout au long de leur vie.
Notre mission, c’est de former des chefs de file, des personnes capables de mener, avec une vision humaniste, les transformations nécessaires. Ces leaders, nous les formons à l’Université Laval! C’est notre métier, notre raison d’être.
Notre mission, c’est d’être fiduciaire de l’avenir, de mener des recherches créatives qui apporteront des réponses, des innovations, et ce, pour le plus grand intérêt de toutes et de tous.
Ces recherches, nous les menons ici à l’Université Laval! C’est notre métier, notre raison d’être. C’est notre portée.
Nous ne la mesurons ni en nombre d’étudiants, ni en nombre de publications, ni en dollars pour la recherche. Notre portée se mesure par notre degré d’influence, par les changements considérables que nos recherches permettent, par l’engagement des professeurs et de leurs équipes, par notre solidarité. Elle se mesure par l’action et l’influence de nos diplômés, de leurs trajectoires, ici, à Québec, et ailleurs. Elle se mesure aussi par la qualité de notre milieu de vie.
Nous formons une grande université. L’une des universités qui a le plus d’impact au monde. Une université riche de sa diversité, qui peut se targuer de réunir en quelques heures des experts de disciplines diverses et de relever des défis d’une façon unique, à sa façon. Une université qui, au-delà des cotes R, recherche le talent, l’ambition et forme, année après année, des leaders engagés.
Voilà ce qui nous distingue. Voilà qui nous sommes. Voilà notre portée.
Je vous laisse toutefois avec des questions.
Que ferons-nous, chacune et chacun d’entre nous, pour que notre action ait une portée encore plus significative, plus internationale?
Que ferons-nous pour que les meilleurs talents au monde souhaitent venir chez nous en disant: «C’est à l’Université Laval que je serai capable de changer les choses»? Que ferons-nous pour que nos enfants, vos enfants, dans plusieurs années, lorsqu’ils penseront à l’Université Laval, se disent: «Voilà une université qui influence le monde!»
Je vous invite à en discuter avec vos collègues.
Le monde change. Il a changé. Les réponses à ces questions ne peuvent pas être les mêmes qu’avant. Elles doivent être de notre temps.
Cette année, nous poursuivrons la mise en œuvre de notre plan stratégique. Réalisons-le avec l’ambition et l’audace d’accroître notre portée, notre influence, notre impact!
Saisissons l’occasion de réviser notre mode de gestion financière. Ou d’établir le premier plan numérique de l’Université Laval. Ou encore de lancer notre première stratégie d’internationalisation. Tout cela, pour marquer notre identité, pour nous donner les leviers nécessaires, pour avoir plus d’impact.
Dans la gestion quotidienne de l’Université, nous devons aussi incarner cette posture d’influence, être pionniers et innovants dans nos façons de faire. Nous l’avons démontré avec notre planification stratégique – qui fait aujourd’hui école –. Avec la première politique au pays visant les étudiants parents. Avec notre modèle de lutte contre les violences sexuelles. Avec notre approche en développement durable. Avec nos modèles uniques de collaboration internationale et intersectorielle en recherche. Avec notre plan de reconnaissance du personnel.
Poursuivons dans cette voie, parce que l’exemplarité est un puissant levier d’influence.
Pour terminer, bien plus qu’offrir des diplômes, bien plus que de transmettre des connaissances, bien plus que gérer, nous développons la connaissance, innovons et formons la prochaine génération de chefs de file. Ceux qui mèneront nos sociétés, les définiront, les transformeront. Nous construisons, ensemble, l’avenir.
Ces futurs leaders, ils sont bien conscients que l’avenir les mettra au défi. Que ferons-nous pour leur permettre, à leur tour, le temps venu, de changer le monde? Serons-nous toujours à leurs côtés pour leur permettre d’apprendre tout au long de leur vie?
Merci.
L’avenir du Québec et les universités
Lettre ouverte, ULaval nouvelles, 4 décembre 2019
Pour un dénouement rapide du financement du Réseau structurant de transport en commun!
Lettre ouverte, Journal de Québec, 28 mars 2019
2018
Prononcé le mardi 25 septembre 2018 devant les membres du Conseil universitaire
Bonjour à toutes et à tous,
C’est avec grand plaisir que je vous accueille à l’occasion de cette rentrée universitaire.
Je vous retrouve ce matin pour ce traditionnel premier conseil universitaire de septembre. La rentrée est toujours un moment de grande fébrilité sur le campus. Nous voulons que tout soit parfait, que le campus soit beau et inspirant pour nos étudiantes et nos étudiants, pour nous tous. C’est aussi une occasion pour nous de prendre quelques minutes pour réfléchir à notre avenir, planifier la prochaine année.
L’an dernier, j’avais choisi le thème du courage, le courage d’être UL, celui de définir notre propre trajectoire, la trajectoire UL, dans le respect de notre tradition académique, mais aussi en faisant face aux défis.
Les défis qui se présentent à nous aujourd’hui et ceux que nous anticipons pour demain. Le courage de réaliser «Ensemble l’avenir», de passer à l’action.
Cette année, j’ai choisi de vous parler de fierté: la fierté d’être UL.
Nous avons vécu ensemble plusieurs moments forts au cours des derniers mois. De grandes réalisations, dans toutes les facultés, les services, les centres de recherche.
Ensemble, nous avons cheminé. Ensemble, nous avons multiplié les rencontres et les échanges pour nous doter d’une vision rassembleuse afin de poursuivre notre route, et continuer de rendre notre université plus attrayante et plus UL. Plusieurs programmes ont été modifiés, revus et modernisés. Nos équipes de recherche ont continué d’établir leur leadership, de partager leurs découvertes et des avancées. Des innovations tant sociales que technologiques ont été réalisées et mises au service des collectivités.
Je suis fière de ce travail collectif. Je suis inspirée, comme vous, par cette énergie. Je suis investie par toute la force d’une communauté universitaire qui cherche constamment à faire mieux et à permettre aux sociétés et aux personnes de profiter du pouvoir de l’éducation.
Je suis surtout fébrile en raison de tout ce qui se dessine pour notre université.
Nous entrons au cœur de la réalisation d’une nouvelle étape de notre développement. Après les consultations et la concertation, nous avons tracé ensemble notre trajectoire UL, notre planification stratégique et notre plan d’action. Nous entrons dans le véritable «an un» de ce processus. Une période charnière où, ensemble, nous devons atteindre les objectifs que nous nous sommes donnés. La barre est haute, mais nous sommes nombreux à pouvoir y contribuer. Nous avons le talent et la capacité d’entreprendre et réussir ce défi.
Je suis emballée par cette mise en route.
Les projets prennent forme. Les propositions affluent.
Et le plus important…
…vous êtes au rendez-vous.
C’est tellement important. Nous aurons besoin de l’engagement de toutes et tous pour réaliser les grands projets qui se profilent à l’horizon.
L’Institut nordique du Québec suscite désormais l’intérêt de pas moins de 15 universités au Québec. L’infrastructure de recherche principale, un nouveau pavillon sur notre campus, a le vent dans les voiles. Ce carrefour de connaissances et d’équipements scientifiques de pointe a le potentiel de transformer la façon dont nous faisons de la recherche nordique à Québec et ailleurs. Le rayonnement international de la recherche sur le Nord est en voie d’atteindre des niveaux inégalés à l’Université Laval, et cela, à un moment où les collectivités souhaitent des réponses aux défis du développement durable et des changements climatiques… Une occasion unique pour unir nos forces et marquer l’histoire.
L’Académie des transformations numériques se met aussi en marche, pour soutenir nos étudiantes et nos étudiants tout au long de leur vie. Cette ambitieuse initiative nous dotera de la plus importante offre de formation continue au Québec, et possiblement au pays, afin d’accompagner de nombreuses personnes à faire face aux transformations qu’entraînera le numérique dans tous les secteurs de l’emploi. Premier grand jalon pour l’Académie, répondre aux besoins de la fonction publique québécoise. Plus de 60 000 employés dans ce secteur auront ainsi accès à des formations pour mettre à jour leurs connaissances et leurs compétences devant l’arrivée massive du numérique ainsi que de la transformation numérique de l’État.
Le plan directeur de nos infrastructures est en voie d’être achevé. Il nous dotera d’une vision d’ensemble essentielle pour concevoir un campus moderne où il fait bon vivre, ainsi que des installations à la fine pointe des technologies… sans jamais perdre de vue la raison d’être de toute infrastructure: améliorer l’expérience à l’Université Laval, que ce soit pour un membre étudiant, chercheur ou employé.
Les chantiers d’avenir sont lancés... Nous verrons sous peu des cohortes étudiantes innover autour du tatouage numérique en intégrant un code d’identification universel des enregistrements aux fichiers audionumériques… Ils mettront aussi sur pied une entreprise manufacturière en mode 4.0, soit le concept avant-gardiste de l’usine entièrement connectée. Ces chantiers formeront des leaders de la transformation, ils seront prêts à relever de grands défis.
Bien que les chantiers fourmillent, il faut reconnaître que notre enthousiasme ne saura seul assurer la réussite de nos efforts. Nous devrons avoir confiance en nous, en nos équipes et en nos collègues. J’ai confiance que nous saurons prendre les bonnes décisions.
Permettez-moi de commencer cette nouvelle année universitaire en vous parlant de trois défis, qui misent sur notre fierté, fierté d’être UL, fierté de bien faire les choses, fierté de viser plus haut.
Des défis qui nous interpellent tous…
…qui demandent la contribution de tous
…et qui nous motivent!
Si je vous demandais: sommes-nous connus des chercheurs et leaders du monde entier? Vous répondriez que nous pourrions mieux nous faire connaître à l’échelle mondiale. Nous avons tant à offrir. Nous sommes une université engagée, moderne, unique. Nous devons relever notre premier défi et combler notre déficit en matière de notoriété, particulièrement à l’international.
N’ayons pas peur des mots: l’Université Laval n’est pas assez connue dans le monde. On dit souvent qu’elle est un joyau caché.
Au cours des dernières années, notre université a fait des bonds de géants en recherche. Depuis 2012, nous sommes passés de 299 millions de dollars en subventions de recherche générés… à pas moins de 377 millions.
Notre effectif étudiant a connu des hausses marquées. En 2012, il s’élevait à 40 700 personnes. Il a depuis grimpé et compte plus de 43 000 personnes aujourd’hui.
Nous décrochons des prix convoités. Nous obtenons des subventions historiques. Nos sondages de satisfaction confirment notre statut d’université centrée sur la communauté étudiante et ses besoins.
Notre performance est donc plus qu’enviable.
Et pourtant, nous chutons dans les classements mondiaux. De plusieurs dizaines de rangs.
La compétition mondiale est intense, très intense. Nous avons adopté avec notre planification stratégique un plan de match audacieux pour nous démarquer.
Mais encore faut-il… que le mot se passe. Que partout dans le monde les nouvelles générations étudiantes, les étoiles montantes de la recherche, les grands chercheurs et leaders du monde connaissent l’Université Laval. Que vos collègues universitaires à l’extérieur du Québec soient exposés à l’excellence de l’Université Laval. Que tous reconnaissent la force de l’Université Laval.
Il est devenu critique d’accentuer notre rayonnement. De diffuser notre marque, notre identité, notre logo…
et notre nom! L’Université Laval!
Ensemble, faisons connaître notre université. Partageons notre fierté d’appartenir à cette communauté.
Notre notoriété ne sera accrue qu’en mobilisant nos centaines de milliers de diplômés, d’étudiantes et d’étudiants, nos professeurs et nos employés.
C’est donc l’affaire de toutes et de tous. Soyons fiers d’être l’Université Laval. Nous devons être les premiers à soutenir notre réputation, à exprimer notre fierté d’être l’Université Laval. Nous ne pouvons espérer une réputation plus grande à l’Université Laval que celle que nous lui reconnaissons collectivement. Il faut y apporter une grande attention. À l’image d’un diamant que l’on taille avec soin et qu’on polit.
Nous verrons ainsi une amélioration nette dans nos classements, et nous augmenterons nos chances d’attirer de meilleurs talents dans nos salles de cours, au sein de notre corps professoral et de nos équipes… Nous attirerons en plus grand nombre les futurs leaders de notre société.
Abordons maintenant les finances, notre deuxième défi. Nous aurons aussi au cours de la prochaine année, à nous poser des questions difficiles sur notre responsabilité financière.
À débattre d’un thème peu abordé dans notre communauté, mais devenu incontournable: la refonte de notre modèle financier dans un environnement où la responsabilité est partagée, distribuée, où une décision prise dans une unité peut avoir des effets néfastes pour l’ensemble de la communauté.
Nous prenons à l’occasion certaines décisions favorables à notre unité, mais défavorables à l’Université.
Nous allons à l’occasion de l’avant avec des mesures générant des économies pour une faculté, mais qui engendrent des dépenses pour l’ensemble de l’Université.
Je nous invite à développer davantage d’intelligence et de solidarité financière, à mieux comprendre nos leviers collectifs.
Tous les jours, posons-nous cette question: lorsque je pose cette action, est-ce que j’améliore la santé financière de mon unité ET de l’Université?
Nos ressources financières sont limitées et nous ne pouvons, par nos actions, nous appauvrir collectivement. Nous nous devons d’être solidaires.
Devenons encore plus imputables et responsables afin d’accroitre notre richesse collective.
La notion de revenus doit aussi figurer au cœur de nos préoccupations. Nous continuerons, certes, à réclamer un financement public plus adéquat des universités… Mais nous devons aussi, comme université, apprendre à mieux générer des revenus et à les gérer – à porter notre regard au-delà des dépenses.
Il s’agit là de pistes financières pour embaucher davantage de professeurs, pour bonifier l’expérience étudiante, pour former des leaders et pour créer un environnement de travail sain et attractif.
Pour remplir notre mission.
Un premier défi s’avère donc de nous faire connaître… Un deuxième, de dégager les marges de manœuvre financières pour satisfaire nos ambitions…
En troisième lieu, abordons le développement continu de nos compétences de gestion.
Car la notoriété nous fournit une première chance de recruter parmi l’excellence…
Les budgets nous donnent une deuxième chance de convier les meilleurs talents.
Mais sans des processus exemplaires… tout ce travail perd son sens. Sans des processus plus agiles, plus rapides, répondants mieux aux besoins de nos étudiants et étudiantes, la cible est manquée.
Par exemple, est-ce ainsi acceptable que notre processus de recrutement d’une professeure, d’un professeur, soit aussi long?
Après avoir tant investi pour dégager les marges financières, pour dénicher et convaincre la perle rare de venir à l’Université Laval, nous essuyons des refus pour cause de délais trop longs.
La perle rare a accepté une autre offre. Ailleurs.
Une offre qui a été émise bien avant la nôtre. Parce que les meilleurs sont meilleurs partout...
L’embauche de professeurs demeure pourtant une des décisions les plus importantes pour le développement de notre université.
Mettons tous la main à la pâte dans ce dossier, et accélérons ce processus. Communiquons notre fierté d’être UL à travers ce processus d’embauche, en étant exemplaires dans nos façons de faire, du recrutement à l’accueil et de l’intégration à la rétention.
Nous, employés autant que patrons, avons un rôle déterminant à jouer pour créer des milieux de travail dynamiques, attractifs et respectueux. Pour faire en sorte que tous nos employés trouvent à l’UL l’espace pour s’accomplir et cela pour longtemps.
La richesse d’un milieu de travail, la force d’un milieu de vie, réside dans l’engagement de toutes et tous à préserver cet espace.
---
Ne croyez pas, ne serait-ce qu’un seul instant, que je fais preuve de pessimisme par rapport aux défis qui se pointent à l’horizon ou que j’affiche un doute par rapport à notre capacité à les relever.
Bien au contraire.
Car il se cache derrière ces défis…
L’incroyable talent et la force de caractère de notre équipe.
L’Université Laval est déjà l’une des plus importantes universités de recherche au pays.
Nous offrons déjà un environnement d’études exceptionnel…
Nous accueillons déjà certains des plus brillants chercheurs au monde, qui innovent, qui brillent et qui sont cités partout dans leur domaine d’expertise…
L’Université Laval est déjà forte de son engagement envers les sociétés et particulièrement à l’égard de l’évolution du Québec.
L’Université Laval est un employeur de choix. Elle est construite par des personnes de talent, dotées de grandes compétences et d’un esprit vif. Qui osent, inspirent et entreprennent l’avenir.
Le plus difficile… est déjà accompli.
Nous avons amplement la matière requise pour mieux nous faire connaître et pour devenir incontournables.
Nous avons tous les outils pour améliorer notre situation financière, en misant sur notre sens des responsabilités et notre solidarité.
Nous avons toutes les capacités pour créer et maintenir un environnement d’études, de recherche et de travail sain et attrayant.
Alors, bouclons la boucle.
Gravissons, ensemble, une autre marche. Travaillons ensemble, tous ensemble. Ayons confiance en nos équipes et en nos collègues.
Notre université n’en sera que plus belle, diversifiée et rayonnante que jamais, elle communiquera mieux notre fierté d’être UL.
Bonne rentrée à toutes et à tous!
L’Université Laval déterminée à célébrer la carrière exceptionnelle de Brian Mulroney
Lettre ouverte, Journal de Québec, 17 mars 2018
2017
Prononcé le mardi 26 septembre 2017 devant les membres du Conseil universitaire
Bonjour à toutes et à tous,
Au cours des derniers mois, j'ai eu la chance, et je dirais même le bonheur, d'apprendre à vous connaître et d'aller à votre rencontre.
J'ai eu l'immense privilège de vous faire part de ma vision. Je vous ai parlé de l'excellence que nous visons dans la réalisation de notre mission. Je vous ai entretenus de l'expérience unique que nous souhaitons tous pour nos étudiantes, nos étudiants et pour nos collègues. J'ai abordé avec vous l'engagement indispensable de tous les membres de la communauté universitaire.
Nous avons amorcé ce dialogue nécessaire afin qu'ensemble, nous bâtissions l'avenir de notre université.
Pour bâtir cet avenir, je crois plus que jamais à la pertinence de l'exercice de planification stratégique. J'ai entendu vos appels à l'action, et ressenti votre engouement, votre enthousiasme envers cette démarche. Nous avons tout ce qu'il faut pour laisser une empreinte durable, pour continuer à écrire l'histoire et à cultiver notre créativité.
C'est maintenant que nous nous mettons à la tâche.
Nous sommes à un moment charnière dans l'histoire de l'Université Laval. Nous sommes confrontés de toute part à des enjeux de société criants.
Devant le cynisme rampant, le désengagement face aux gouvernements. Devant un monde confronté de plein fouet à la pression intenable exercée sur notre planète.
Devant des défis socioéconomiques importants.
Devant les attaques malsaines contre le vivre-ensemble, le chamboulement de notre quotidien par des nouvelles technologies développées à une vitesse fulgurante.
Osons répondre… par l'éducation. Par le pouvoir de l'éducation.
Nous devrons être agiles, efficaces et ouverts. Nous devrons avoir le courage d'être l'Université Laval, de ne pas être une université comme les autres. Le courage d'afficher nos couleurs, vives et uniques.
La nouvelle génération entretient, avec raison, de grandes attentes envers notre université.
Heureusement, nous avons l'habitude, à l'Université Laval, de répondre à de tels impératifs. Notre histoire et nos traditions regorgent d'exemples probants où nous avons su nous réinventer au moment opportun.
Depuis 350 ans, du Séminaire de Québec à notre campus moderne, depuis que l'enseignement supérieur en français a pris forme… Au fil des siècles et des décennies, l'Université Laval a toujours été au service des étudiantes, des étudiants et des collectivités. Peu importe les vents contraires.
Nos professeurs ont contribué à l'effervescence de la Révolution tranquille. Nous avons influencé la mise en place de la modernisation de la société.
Nous avons participé à la formation de générations et de générations de citoyens engagés.
Trois premiers ministres canadiens sont passés par nos murs. Louis St-Laurent, Brian Mulroney et Jean Chrétien ont dirigé les destinées du Canada pendant plus de 27 ans. Un record au sein des universités canadiennes.
Au Québec, Alexandre Taschereau, Edmund James Flynn, Jean Lesage, Maurice Duplessis, Lomer Gouin, Lucien Bouchard, Simon-Napoléon Parent, René Lévesque et Pauline Marois, tous diplômés de Laval, ont dirigé la province pendant plus de 76 ans. Nous sommes l'université québécoise ayant formé le plus de premiers ministres.
Des hommes et des femmes ayant façonné le Québec d'hier. Des personnages historiques, ayant, chacun à sa façon, fait preuve de courage face aux défis se dressant devant eux.
Notre monde est rempli de personnes plus grandes que nature nous inspirant, nous insufflant le courage requis devant les défis auxquels nous sommes confrontés.
L'un d'entre eux a un jour soutenu que:
«Le temps et le monde ne demeurent jamais immobiles. Le changement est la loi de la vie. Et ceux qui ne regardent que le passé ou le présent sont certains de manquer le futur.»
Certains d'entre vous reconnaîtront les paroles de John F. Kennedy. Vous savez alors qu'il a aussi lancé:
«Une personne peut faire la différence, et tout le monde devrait essayer.»
J'ai envie d'essayer.
De passer à l'action et de définir notre propre trajectoire.
Imaginez si vous me suivez. Imaginez, un seul instant, toute la communauté universitaire en action. Imaginez, vous et moi, ensemble…
Imaginez que nous utilisions cette force, cette énergie, pour réaliser ensemble l'avenir.
Je ne nous convie pas à l'élaboration d'un plan stratégique.
Je nous convie plutôt à faire preuve de courage. À notre façon. À nous poser des questions audacieuses sur notre université. À sortir de notre zone de confort et à revoir nos paradigmes, nos valeurs, nos façons de faire.
Je vous invite à entendre l'histoire de Patrick, un étudiant ayant grandi dans un monde technologique éclaté, qui se demande comment l'Université Laval peut l'aider à créer une entreprise numérique qui mariera les technologies aux arts.
Je vous demande d'écouter Annabelle, qui lutte à sa façon contre les changements climatiques depuis son adolescence. Et qui croit que l'Université devrait lui offrir une formation sur mesure, transdisciplinaire, pour répondre à cet enjeu critique pour l'avenir de notre planète, pour l'avenir de l'humanité.
J'aimerais qu'on réponde à Mohamed, citoyen du monde, pour qui la science devrait franchir les frontières et devenir plus accessible, pour qui le libre accès aux connaissances est la voie pour assurer une meilleure équité mondiale.
Je nous mets au défi de mettre un nom sur les visages, de nous inspirer des aspirations de nos étudiants et de nos étudiantes. Il y a quelque chose de beau dans leurs idéaux. Ayons le courage de les reconnaître dans leur unicité.
Nos chiffres officiels rapportent que nous accueillons plus de 46 000 étudiants. Je préfère croire que nous sommes accompagnateurs de 46 000 personnes ayant envie de faire une différence.
Ayons le courage d'aller vers ceux et celles qui sont l'âme et le cœur de notre université. Aidez-moi à raconter leurs histoires et leurs aspirations afin de mobiliser la société québécoise en faveur de la grande mission qui nous anime.
C'est alors ensemble que nous façonnerons notre plan stratégique.
En concevant cet avenir ensemble, en misant sur votre engagement, en travaillant en équipe, nous atteindrons l'excellence. Nous laisserons derrière nous une signature unique, dynamique et attrayante, celle de l'Université Laval.
Nous repenserons notre offre de formation. Nous explorerons l'idée d'une éducation consciente, où l'Université met sur pied des formations adaptées aux défis de notre société, même si cela exige de voir au-delà des départements et des facultés. Nos étudiantes et nos étudiants empruntent déjà cette avenue, par leur choix audacieux de cours et de parcours. Osons nous mettre en phase avec eux.
Offrons-leur des cours dynamiques, réinventés, misant sur de nouvelles interactions en classe. Stimulons l'envie d'entreprendre. Fournissons les outils à nos professeurs et à nos enseignants pour remettre en question nos méthodes d'enseignement, pour les adapter à une nouvelle ère de transmission du savoir.
Pensons à des formations en termes de défis de société. Les rêves de nos étudiantes et de nos étudiants sont plus forts que les curriculums trop rigides, les cloisons, les silos.
Affrontons nos paradoxes. Une grande université de recherche comme la nôtre doit mettre ses étudiants en contact avec l'univers de la recherche beaucoup plus tôt dans leur parcours. L'étincelle doit jaillir dès les premiers instants.
Sans l'ombre d'un doute, les prochaines cohortes deviendront ainsi nos futurs chercheurs.
Ils devront, de façon urgente, assurer le développement durable de notre société. Plus que jamais, nos chercheurs élaboreront des stratégies internationales pour faire connaître leurs recherches.
Pour nos chercheurs, nous viserons une université sans frontières, où le libre accès aux connaissances sera élevé au rang de valeur. Où nos efforts seront aussi consacrés à assurer une plus grande accessibilité à l'éducation dans le monde, en accompagnant autant les étudiants étrangers que nos étudiants en quête de mobilité.
Le vivre-ensemble ne passe pas uniquement par la découverte et la compréhension de l'autre au sein de notre société. Il dépend également d'un partage équitable des connaissances avec le reste du monde.
Nous renforcerons de plus notre présence dans la révolution numérique. Alors que les changements technologiques nous bousculent toujours plus rapidement, nous réévaluerons nos méthodes pédagogiques et adapterons nos équipements et nos environnements. Nous devons faire en sorte que le numérique nous rapproche les uns des autres, et non l'inverse.
Nous relèverons ces défis dans un contexte ardu. Tous les jours, nous subissons la pression excessive du sous-financement des universités. Soyons ingénieux devant cette contrainte. Par la transparence et une meilleure gouvernance, ayons le courage de devenir un modèle. Des pratiques exemplaires nous permettront de regagner la confiance des élus et de la population.
Je propose de prendre pleinement notre place dans cette société que nous avons tant influencée, tant critiquée et tant aidée à se définir. Utilisons avec conviction notre droit de parole dans les débats publics. Assumons notre rôle fondamental dans la région de Québec, et défendons-le sur toutes les tribunes.
N'oublions pas que cette société est vivante et enrichie par nos 280 000 diplômés. Des gens dynamiques, bien implantés autant dans la région de Québec que partout dans le monde.
Nos ambassadrices et nos ambassadeurs sont ces femmes et ces hommes qui dirigent les destinées de grandes organisations, qui innovent et transfèrent le fruit de leur savoir, notamment au sein des parcs technologiques de la région.
Tous les jours, une ou un diplômé de l'Université Laval prend la parole à l'Assemblée nationale. Tous les jours, elle ou il travaille à un projet de nouvelle entreprise, participe à la quête primordiale de l'avancement des sciences fondamentales et touche un peu plus à l'insondable de la physique quantique, crée une œuvre pour rendre notre milieu de vie et notre culture plus riches. Elle ou il cherche à mieux comprendre, sur le terrain, auprès des gens, la richesse des cultures et des langues autochtones.
Des citoyennes et des citoyens engagés, diplômes en poche, aident leur prochain. Guident. Conseillent. Soignent. Ces citoyennes et ces citoyens du monde sont toutes et tous des sources de fierté.
Inspirons-nous de ces porte-étendards de la fierté de l'Université Laval pour nous donner le courage d'aller de l'avant et de moderniser notre université.
Car, peu importe les réussites de nos ambassadeurs établis, peu importe leur contribution remarquable, toujours nous devons demeurer pertinents en cultivant notre créativité et notre propre culture d'innovation.
L'Université Laval demeurera forte et inspirante en étant en mouvement.
Notre courage se mesurera à notre capacité à prendre des décisions difficiles pour créer cet environnement. J'ai confiance en la force et en la détermination de notre communauté universitaire.
Nous avons la force de caractère, l'énergie et l'ambition pour mener à terme cette belle, grande et exigeante aventure.
Notre plan stratégique reposera sur des assises solides. Déjà, nous avons observé une croissance significative de nos activités de recherche. Déjà, nous voyons de nouveaux visages, aux reflets multiples, mais toujours habités par la même détermination.
J'ai l'intime conviction que vous croiserez dans quelques années un entrepreneur fier de citer l'Université Laval tout en parlant de sa dernière invention en optique-photonique.
Je suis persuadée que vous trouverez sur votre chemin une géographe cherchant ardemment des solutions aux inondations trop nombreuses affectant nos municipalités.
Je n'ai aucun doute que vous apercevrez sur le fil de vos réseaux sociaux cet article parlant d'un diplômé de l'Université Laval ayant enfin trouvé un vaccin à une maladie ravageuse.
Le nom de l'Université Laval résonnera aux côtés de nos créateurs et de nos idéateurs, de nos artistes, de ceux dont le regard humaniste fournira des réponses justes et des solutions créatives aux écueils de notre vivre-ensemble.
Nous serons fiers de ces leaders du développement social, culturel, économique, environnemental et technologique. De ces nouvelles voix dans nos collectivités.
Vous verrez ces nouveaux visages. Vous retiendrez ces noms.
Ayons le courage et l'audace de permettre cet avenir. Ayons le courage de tracer la voie aux ambassadrices et aux ambassadeurs de demain.
Tous ensemble, osons construire l'avenir de notre université.
Allons découvrir les noms de nos futures sources d'inspiration.
Mesdames, messieurs, je vous souhaite une bonne rentrée.
Courriel envoyé par Sophie D’Amours à la communauté de l’Université Laval, 2017
Ensemble l'avenir
C'est avec enthousiasme que j'amorce mon premier mandat à titre de rectrice de l'Université Laval. Ouverte sur le monde, l'Université Laval est une grande université d'enseignement et de recherche reconnue pour son leadership, sa créativité et son expertise.
Avec mon équipe de direction, nous consoliderons les acquis de l'Université et emprunterons la voie de l'innovation et du changement pour la développer davantage, afin d'accroître son rayonnement sur les scènes québécoise, canadienne et internationale. Trois mots guideront notre action: excellence, expérience et engagement. Nous sommes déterminés à perpétuer la réputation d'excellence de l'Université en recherche et en enseignement, à enrichir l'expérience de nos étudiants, de même que celle de nos employés et de nos partenaires et à soutenir l'engagement de notre communauté en participant activement à la conception de solutions afin de faire face, ensemble, aux enjeux sociétaux qui nous interpellent.
L'éducation d'un peuple constitue l'assise d'une société prospère et riche, non pas uniquement au sens économique ou financier, mais riche aussi d'une vision humaniste, en quête de justice, de vérité, d'équité et de dignité humaine, de créativité et d'ouverture sur l'avenir. L'Université est une porteuse privilégiée de cette vision qui invite à jeter un regard neuf sur sa mission d'enseignement, de recherche et d'engagement dans les collectivités. Les libertés et les responsabilités, tant celles de l'établissement que celles des membres de notre communauté, doivent s'exercer dans le but collectif de réaliser cette mission avec succès. En premier lieu, je pense à la formation de nos étudiants et de nos étudiantes, et ce tout au long de leur vie. Appelés à être des citoyens responsables et aptes à contribuer de façon concrète à une société complexe et en mouvance, ils pourront toujours compter sur leur Université.
Ensemble, nous continuerons d'oeuvrer à ce que l'Université Laval soit reconnue comme la plus internationale des universités francophones, notamment par la mise en place d'une stratégie intégrée d'internationalisation audacieuse. Notre savoir-faire en la matière s'appuiera sur notre intelligence collective.
Ensemble, nous adapterons notre établissement aux réalités d'aujourd'hui, nous embrasserons l'ambition et l'excellence et nous ferons équipe à Québec, au Québec, au Canada et dans le monde. Ensemble, rendons possible notre avenir et vivons l'Excellence, l'Expérience et l'Engagement UL!
Sophie D'Amours, rectrice
Financement de la recherche - Une génération de chercheurs en danger
Lettre ouverte, La Presse+, 1er décembre 2017