Chaire de leadership en enseignement - Jeunes et religions
Contexte
Avec les mutations bien connues des années 1960 et 1970, on a un temps cru à la lente disparition des questions religieuses, particulièrement chez les jeunes. Or, les dernières années ont plutôt appelé un changement de perspective et d’approche. Si les jeunes ne sont pas là où ils étaient attendus sur le plan religieux, le religieux n’est pas absent pour autant. On retrouve les jeunes ailleurs : rassemblés en petites communautés, engagés dans des organismes, réunis par millier lors de grands événements, partageant leurs expériences sur les réseaux sociaux et s’interrogeant sur cet avenir qui s’annonce être bientôt leur présent.
La religiosité des jeunes est une réalité méconnue, qui échappe à la cartographie habituelle. Elle ne prend pas les formes d’hier. Elle émerge pourtant, ici et là, dans des formes nouvelles qui ne se disent pas nécessairement religieuses, mais qui assurent la même fonction : des moyens pour éviter le chaos, domestiquer l’angoisse et créer un « semblant de sens ». Une vitalité étonnante qui ne trouve pas d’explication dans les théories classiques de la sécularisation et du déclin des religions en Occident. Comment les jeunes s’approprient-ils ou rejettent-ils les traditions? Comment et avec quoi construisent-ils de la signification? Pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux à se dire « sans religion » tout en revendiquant une spiritualité? S’inscrivent-ils en rupture ou en continuité des générations précédentes? Quels sont leurs projets? Comment envisage-t-il leur destinée? Comment composent-ils avec la place accordée aux questions religieuses dans l’espace public?
Aussi, il nous faut analyser et chercher à comprendre ce temps de vie qu’est la jeunesse. Les jeunes sont héritiers de nouveaux rapports à l’espace et au temps, à la vie et à la mort, à l’échec et à la réussite, au privé et au public, à soi et à la société. Ils ne peuvent se soustraire à l’exigence de construire le sens de leur existence et de leur parcours. Cette quête apparaît d’autant plus hardie qu’elle se présente comme un choix individuel et libre alors que liberté de choix ne semble en rien assurée. Pour ce faire, les jeunes doivent puiser dans la culture ambiante les référents et les normes qui proposent un idéal de vie bonne. Quel est cet idéal? Quels en sont les référents et les normes? Quelle configuration prennent ces itinéraires de sens? Quelle cohérence trouvent-ils dans ce que nous percevons souvent, de l’extérieur, comme paradoxal? Quelles visions du monde et de la destinée humaine sont portées par les différentes cultures jeunes et par la culture de masse? Quel imaginaire collectif fourni l’unité nécessaire à ce que le tout fasse sens? Ces rapports des jeunes au religieux, que révèlent-ils de la société et de la culture?
Être un espace de recherche et de formation sur les recompositions sociales et religieuses, tel est bien le projet de la Chaire Jeunes et religions. En favorisant la recherche étudiante à la maîtrise et au doctorat, en développant des partenariats locaux et internationaux, en établissant des liens entre le milieu universitaire et les différents milieux d’intervention, la Chaire JR entend ainsi contribuer à penser le religieux pour comprendre la société contemporaine et contribuer à une réflexion éclairée sur le « religieux-vécu » – quelle qu’en soit les formes – des jeunes générations.
Programme
Pour atteindre ces objectifs, quatre axes sont privilégiés :
- la formation par le développement chez les étudiant.es et intervenant.es d’habiletés d’observation, d’analyse et d’interprétation socioreligieuse
- la recherche, notamment par l’analyse des représentations et des pratiques sociales, culturelles et religieuses des jeunes et par leur comparaison aux niveaux local et international
- le transfert de connaissances entre le milieu universitaire et les différents milieux d’intervention
- la réflexion sur les enjeux éthiques et épistémologiques de la formation, de la recherche et de l’intervention auprès des jeunes
Ces axes s’actualisent en quatre secteurs d’activités interreliés et interdépendants que nous appelons « chantiers » :
- Coordination, planification et intégration
- Enseignement et formation
- Recherche sur les cultures et les recompositions religieuses
- Animation scientifique et transfert des connaissances
Objectifs
Depuis ses débuts en 2015, la Chaire Jeunes et religions s’est développée comme un espace où se rencontre la recherche, la formation à la recherche, l’enseignement et le transfert de connaissances. Elle trouve son dynamisme et son originalité dans l’engagement de ses membres, particulièrement les étudiantes et étudiants.
La CJR a pour objectifs :
- Comprendre le rapport des jeunes au religieux et aux religions
- Décrire et expliquer l’univers culturel des jeunes
- Décrire et expliquer la configuration du religieux chez les jeunes à travers ses différentes manifestations
- Identifier les instances, les structures et les régulations qui déterminent les itinéraires de sens des jeunes
- Offrir des formations innovantes à l’intention des étudiants, des étudiants-chercheurs et des intervenants jeunesse
- Favoriser l’échange de connaissances et d’expertises entre les milieux d’intervention et de la recherche
Retombées
En dotant la Faculté de théologie et de sciences religieuses d'un poste de professeur à temps complet, la création de cette chaire permettra d'assurer, aux quatre coins du Québec, la formation de personnes désireuses d'intervenir dans le domaine de la formation spirituelle et religieuse des jeunes. Elle permettra la mise en oeuvre d'approches novatrices, notamment des stages d'observation et d'intervention ainsi que des recherches sur l'univers spirituel et religieux des jeunes.
Partenariat
Ce projet bénéficie d'un large soutien du milieu et de l'appui de la communauté, puisque quatorze congrégations religieuses s'y sont associées, en faisant un exemple de collaboration entre la Faculté de théologie et de sciences religieuses et son milieu.
Donatrices et donateurs
- Soeurs de la Charité de Saint-Hyacinthe
- Soeurs de la Présentation de Marie
- Congrégation des soeurs de Notre-Dame du perpétuel secours
- Congrégation de Notre-Dame
- Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie
- Soeurs servantes du Saint-Coeur de Marie – Province du Saint-Coeur de Marie
- Soeurs de la Sainte-Famille de Bordeaux
- Soeurs de Saint-François d’Assise
- Soeurs servantes du Saint-Coeur de Marie – Province de Saint-Joseph
- Congrégation des soeurs de Sainte-Anne
- Soeurs de la Charité de Saint-Louis
- Congrégation du Très-Saint-Sacrement
- Congrégation des soeurs de Saint-Paul de Chartres
- Congrégation des soeurs de Sainte-Croix
Titulaire
M. Jean-Philippe Perreault a déposé en 2014 une thèse de doctorat intitulée «L'imaginaire religieux de jeunes Québécois et leurs rapports au catholicisme». Ses principaux champs de recherche et d'enseignement sont l'imaginaire religieux des jeunes, le religieux contemporain, le catholicisme québécois et les rapports entre religion et éducation. Ces dernières années, il a notamment publié sur la religiosité des grands rassemblements, les itinéraires de sens des jeunes Québécois et les enjeux de transmission, la recomposition religieuse ainsi que sur l'évolution récente du catholicisme au Québec. Il a également dirigé l'ouvrage collectif «Regards sur… Jeunes et religion au Québec» publié aux Presses de l'Université Laval (PUL). Ses travaux comportent un souci de dialogue constant entre les sciences sociales et la théologie.
Pour information
Guy Bonneau
Doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses
Guy.Bonneau@ftsr.ulaval.ca
jeunesreligions.ftsr.ulaval.ca
Fiche complète (PDF)